Il vient d’acquérir 24 avions de chasse de type F-16,Contre qui se surarme le Maroc?

Il vient d’acquérir 24 avions de chasse de type F-16,Contre qui se surarme le Maroc?

Cette acquisition aux relents belliqueux a été faite avec fanfare au moment où s’esquissaient des signes de rapprochement avec l’Algérie.

De quoi a peur Rabat qui consacre l’essentiel de ses rentrées en devises à entretenir l’industrie militaire américaine en lui achetant pour 2,4 milliards de dollars des avions de chasse de type F-16? Le Maroc a pris livraison, ce jeudi 4 août, d’un premier lot de 24 avions de chasse F-16 commandés en 2009 aux Etats-Unis.

Ces F-16 étaient en concurrence au Maroc avec le Rafale du français Dassault, qui n’a jamais décroché de marché à l’export. L’échec de la vente du Rafale face au chasseur américain avait été annoncé en octobre 2007.

La cérémonie de livraison s’est déroulée à la 6e Base aérienne des Forces armées royales de Benguerir (nord de Marrakech) en présence de plusieurs officiers supérieurs des armées marocaine et américaine, a précisé l’agence de presse marocaine MAP. Ce même contrat comprend également la vente d’équipements de services et la formation de pilotes.

Contre qui se surarme le Maroc avec un pareil arsenal de guerre? C’est son droit certes. Sauf que cette annonce a été faite avec fanfare et dans un contexte régional des plus critiques.

La Libye, plongée dans une terrible guerre civile, la transition aux lendemains incertains en Tunisie et la bande du Sahel où se conjuguent terrorisme et contrebande. C’est dans ce contexte explosif que s’opère le surarmement du Maroc comme pour rétablir une dominance aérienne dans la région.

Par ailleurs, cette annonce aux relents belliqueux a été faite au lendemain du message de félicitations adressé par le Président Bouteflika au roi Mohammed VI à l’occasion du 12e anniversaire de la fête du trône.

De même que le roi a exprimé à l’occasion de cette fête son désir de voir les frontières terrestres de son pays avec l’Algérie rouvertes. «Nous tenons à l’amorce d’une nouvelle dynamique ouverte sur le règlement de tous les problèmes en suspens, en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales (…), y compris la réouverture des frontières terrestres», a déclaré le roi Mohammed VI dans son discours.

De son côté, le Président Abdelaziz Bouteflika a répondu dans un message de félicitations: «Convaincu du destin commun auquel nous sommes liés, je réitère à Votre Majesté mon souci de joindre mes efforts aux vôtres pour raffermir les liens de fraternité, de coopération et de bon voisinage en faveur de la construction d’une relation bilatérale modèle au service des intérêts de nos deux pays et peuples frères unis par des relations historiques et concernés par les défis de l’avenir.»

Au moment où les indices d’un rapprochement effectif entre les deux pays étaient probants, le Maroc a annoncé cette acquisition d’avions de guerre, ce qui est loin d’être un signal d’apaisement. On ne brandit pas l’épée quand on veut faire la paix.

Le royaume de Mohammed VI entend renforcer ses forces aériennes. Contre qui? Ou pour rivaliser avec qui? Il serait naïf de croire que le Maroc craint une attaque venant de sa côte atlantique pour la simple raison que le Royaume est la chasse gardée aussi bien de la France que des Etats-Unis. L’inspecteur adjoint de l’armée de l’air marocaine, Abdelali Houari, dira: «Nous modernisons notre flotte et nous avons choisi les F-16 non seulement parce que ce sont des avions de qualité, mais aussi pour les relations étroites que nous avons avec les Etats-Unis».

Dans une allocution, le général marocain Boutaleb a souligné que cette livraison permettait au Maroc «d’acquérir des outils de défense sophistiqués» et qu’elle s’insérait dans «la stratégie visant l’équipement et la modernisation des FAR». Sans le dire publiquement, le Maroc se méfie de son voisin de l’Est.

A l’évidence, l’Algérie est naturellement en position de puissance régionale grâce notamment à l’expérience de son armée sur tous les plan. D’abord pour avoir fait une guerre de libération dans laquelle l’ALN est sortie victorieuse et ensuite après l’Indépendance, l’armée algérienne a eu à affronter l’hydre terroriste.

Une lutte qui lui a valu la reconnaissance des puissances militaires mondiales dont les Etats-Unis. Moins dotée en logistique et en expérience, l’Armée marocaine se surarme pour évincer et ravir cette suprématie à l’Algérie