L’ancienne cité des Hammadites veut-elle devenir la capitale du ridicule?
Non ce n’est pas un poisson d’avril. Le wali est très sérieux et comme personne ne peut lui signifier l’absurdité de son initiative, il compte aller jusqu’au bout de cette proposition aussi ridicule que fantaisiste.
Les habitants de la wilaya de Béjaïa, notamment ceux intéressés par les logements sociaux pourront suivre l’évolution de la réalisation de ces derniers à travers des écrans géants dont les lieux d’implantation ne sont pas encore déterminés. C’est la révélation faite récemment par le chef de l’exécutif de wilaya qui intervenait sur les ondes de la radio locale. L’entreprise turque en charge d’une partie de ce programme de logement fort de 4 600 unités se serait engagée à mettre en place des caméras sur les chantiers de réalisation dans la commune d’Oued Ghir.
Ces dernières seront reliées à des écrans géants qui seront installés au niveau de quelques places publiques de la ville de Béjaïa. Le wali n’a cependant pas précisé qui financera cette opération, première du genre à Béjaïa. Trois jours après avoir fait sa déclaration, cette mesure n’a suscité aucun enthousiasme auprès des citoyens qui relèvent majoritairement son inutilité et ce n’est pas ce qui manque le plus pour le développement local. «Nous n’avons pas besoin de suivre la réalisation des logements, nous avons surtout besoin de leur achèvement dans les délais», ironise un citoyen qui s’appuie sur les retards qu’accumulent de nombreux projets inscrits au profit de Béjaïa. Le suivi des travaux de réalisation n’est pas du ressort des citoyens, commentent bon nombre d’entre eux interrogés à ce sujet. Une manière de relever la défaillance des services chargés de faire le suivi et le contrôle des chantiers. «Au lieu de recourir à ce genre d’initiative, qui n’est pas sans dépenses supplémentaires, il serait plus judicieux pour ceux qui ont la charge de la gestion de développement de la wilaya, de presser les réalisateurs afin qu’ils livrent les logements dans les délais prescrits», juge un souscripteur au programme Aadl. «Alors que toutes les wilayas sont à leur énième programme en la matière, chez nous, des unités du programme Aadl datant de l’année 2001 ne sont pas encore livrées», ajoute-t-il désabusé. Globalement, les citoyens interrogés sur cette mesure annoncée en grande pompe s’accordent à dire qu’il serait préférable pour les pouvoirs publics de consacrer leur énergie à un suivi plus rigoureux de tous les projets que «de nous montrer les failles sur des écrans», commente un souscripteur loin d’être agréé par cette annonce. Il y a lieu de rappeler qu’un peu plus de 4000 logements sont ainsi mis au profit de la wilaya de Béjaïa. Ils seront implantés dans la commune d’Oued Ghir à une dizaine de kilomètres du chef-lieu. Leurs études et réalisations ont été confiées à deux entreprises étrangères. Le choix des Chinois et des Turcs se veut une volonté de faire vite.
Les défaillances constatées lors des précédents programmes confiés aux entreprises algériennes ont poussé les autorités locales à cette option, que tout un chacun espère porteuse, sachant que jusque-là plusieurs projets de réalisation de logements ont connu des difficultés à Béjaïa. C’est ce que laissent comprendre les chiffres rendus publics lors des différentes occasions.
