Il veut appliquer le programme du FN, Les dérapages (in) contrôlés de Sarkozy

Il veut appliquer le programme du FN,  Les dérapages (in) contrôlés de Sarkozy

Sarkozy en fait trop, avec à l’arrivée le risque de se faire arroser

Feignant d’oublier qu’il est principalement la cause majeure de ce drame, l’ancien président n’a pas trouvé mieux que d’ironiser sur l’effet de la «fuite d’eau» sur les frontières sud de la France.

A moins de deux ans de l’élection présidentielle, la situation est inquiétante pour le président français François Hollande. Les sondages sont en effet des plus pessimistes, le dernier en date, celui de l’Ifop, la semaine dernière, indiquant que 67% des électeurs ne veulent pas voter pour le candidat socialiste. Le piège est encore plus dramatique que l’alternative semble on ne peut plus limitée, les candidats de remplacement éventuels ne faisant guère illusion, à tel point que des voix s’élèvent pour regretter haut et fort le destin contraire de Strauss-Kahn.

C’est dans cette ambiance sinistrée, à gauche, que le candidat virtuel des Républicains – il convient d’attendre les primaires au sein de cette formation qui compte deux autres candidats face au prétendant «historique» – Nicolas Sarkozy multiplie, depuis des semaines, les rodomontades, les gags et les dérapages contrôlés. Sa dernière sortie a été consacrée au problème des migrants qui se pressent par dizaines de milliers sur les côtes italiennes. Feignant d’oublier qu’il est principalement la cause majeure de ce drame, l’ancien président n’a pas trouvé mieux que d’ironiser sur l’effet de la «fuite d’eau» sur les frontières de la France, entre autres pays concernés. Sans compatir outre mesure sur les difficultés de l’Italie qui regrette amèrement d’avoir participé à l’aventurisme belliqueux de Sarkozy, désireux d’effacer coûte que coûte le «guide» libyen, Mouammar El Gueddafi, il a ainsi préconisé des méthodes de gestion de la crise à la limite du délire. Délire qui se retrouve, en outre, dans la réthorique du discours intérieur qui se caractérise, ces jours derniers, par la promesse d’une mise à mort du droit du sol au profit du droit du sang. Oublieux de ses origines, exactement comme ce fut le cas de Lionel Stoleru à l’époque de Giscard d’Estaing (un nom acquis de façon sonnante et trébuchante, ne vous y trompez pas), voilà un Sarkozy anti-Roms et sacrément anti-immigrés qui multiplie les piques de nature à lui attirer la sympathie d’une frange, aussi large que possible espère-t-il, de l’électorat du Front national. Stratégie payante?

LG Algérie

Il semble que oui, si l’on en juge par les élections municipales partielles dans les Hauts-de-Seine et à Thionville, notamment, où la droite a raflé largement la mise. Illustration de cette embellie, la conquête de Clichy-la-Garenne, une ville détenue par la gauche depuis plus d’un siècle. Même si pour Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, les controverses lancées par Sarkozy sont de «faux débats pour susciter des divisions», les signaux sont donc au rouge qui indiquent que la stratégie d’un Sarkozy, lourdement marqué par les affaires dont celles de Bygmalion et de l’argent d’El Gueddafi, s’avère malgré tout…payante! Servi opportunément par le drame tragi-comique, digne de la commedia dell’arte, du duel Marine contre Jean-Marie Le Pen, Sarkozy a le vent en poupe, selon toute vraisemblance, jusqu’au moment des primaires à droite, prévues les 20 et 27 novembre 2016.

Entre-temps, il a changé le nom du parti, l’UMP étant devenue les Républicains tant l’attachement viscéral de Sarkozy à George Bush est un cas de psychanalyse, et il a obtenu la réorganisation du staff légué par son prédécesseur. Ainsi, travaille-t-il à construire une nouvelle machine de guerre pour reconquérir l’Elysée en multipliant les fausses promesses et les surenchères vis-à-vis du programme du FN pour séduire le plus grand nombre. Mais rien n’est encore joué car, dans son propre camp, la côte de sympathie est davantage en faveur d’Alain Juppé, voire de François Fillon et deux autres prétendants, Xavier Bertrand et Christian Estrozi, le maire néofasciste de Nice, risquent de diluer la masse électorale qui lui paraît acquise, occasionnant une «fuite» des voix qui lui sera fatale. Mais d’ici là, Sarkozy est encore capable d’étonner bien du monde, même si c’est plutôt mal que bien.