Il vend de « faux relevés de notes » pour 50 DA : l’étrange trafic d’un kiosquier à Alger

Il vend de « faux relevés de notes » pour 50 DA : l’étrange trafic d’un kiosquier à Alger
Relevé de notes

C’est une affaire judiciaire aux détails stupéfiants qui a été débattue devant la chambre correctionnelle du tribunal de Dar El Beïda. L’enquête, menée pour falsification de documents administratifs – des bulletins de notes – concernant des élèves recalées pour l’année scolaire 2024-2025, met en lumière une pratique pour le moins insolite !

Au cœur de cette combine : « A. M. », le propriétaire d’un kiosque situé près d’un collège de la capitale. Le prévenu aurait transformé son local en un véritable « atelier » clandestin, au service des élèves ayant échoué à l’école, et ce, dans un seul but : les protéger de la punition de leurs parents !

8 de moyenne transformée en 11,52 contre 50 DA

L’accusé est soupçonné d’avoir falsifié les relevés de notes de deux mineures, toutes deux élèves en quatrième année de collège. Pour cela, il aurait utilisé le bulletin d’un élève ayant réussi, qui fréquente le même établissement, en y apportant des modifications. La moyenne de 8, obtenue par l’une des élèves, était ainsi transformée en 11,52.

L’affaire a éclaté suite à la plainte du collège, situé à l’est d’Alger, et du père de l’une des deux élèves. Poursuivi pour délit de falsification et usage de faux documents administratifs, le prévenu a fait face au juge.

La première élève a expliqué qu’après avoir été certaine de son échec et face au refus de l’établissement de lui remettre son bulletin sans la présence de son tuteur légal, elle s’était rendue au kiosque, accompagnée de sa cousine. Pourquoi ce choix ? Car « A. M. » était connu pour falsifier les bulletins des élèves recalés.

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Elle lui a indiqué sa moyenne, 8,43, et surtout sa peur panique d’être punie à la maison. L’accusé lui a alors proposé son « service » : lui remettre le bulletin de « J. W. », un élève ayant réussi avec 11,52 de moyenne.

Il aurait modifié les informations personnelles et lui aurait remis le faux document pour la somme dérisoire de 50 dinars. Sa cousine, également en échec, a accepté le même arrangement, craignant la réaction de ses propres parents.

Déni contre preuves et témoignages

Devant le tribunal, l’accusé a nié en bloc les accusations, affirmant n’avoir fait que photocopier deux bulletins pour 100 dinars, et non fourni de faux documents.

Face à son déni persistant, le juge l’a confronté aux déclarations des mineures. L’élève a réaffirmé que l’accusé était bien connu pour « aider les élèves ayant échoué » et qu’il lui avait remis le bulletin d’un élève nommé « Walid ».

Elle a précisé l’avoir montré à son père, tout comme sa cousine. Toutes deux ont insisté sur le fait que l’accusé avait proposé l’idée, qu’elles avaient acceptée « uniquement par peur ».

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Les pères des deux élèves, présents à l’audience, ont confirmé la version de leurs filles. L »un d’eux a raconté avoir découvert la supercherie après avoir tenté d’extraire un certificat de scolarité via une application : le nom de l’élève « Walid J. » apparaissait à la place de celui de sa fille. C’est en se rendant au collège qu’il a appris par le directeur que sa fille était bien recalée.

Le procureur de la République a requis une peine d’un an de prison ferme et une amende de 100 000 dinars à l’encontre de l’accusé. Le verdict final sera prononcé lors d’une prochaine session.