Il trace les contours de la nouvelle politique énergétique Yousfi s’attaque à l’héritage Khelil

Il trace les contours de la nouvelle politique énergétique Yousfi s’attaque à l’héritage Khelil

Le nouveau ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, veut se débarrasser, prestement, du lourd héritage de son prédécesseur, Chakib Khelil.

Il désigne «les dérives» enregistrées durant les dernières années dans la gestion du secteur de l’énergie en général et de la compagnie nationale des hydrocarbures.



Le nouveau ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, veut se débarrasser, prestement, du lourd héritage de son prédécesseur, Chakib Khelil. La volonté est clairement affichée.

Tout est à revoir, semble-t-il. Dans un discours très offensif, prononcé, dimanche dernier au Québec (Canada), devant les membres de l’association d’affaires Alliance algéro-canadienne, Youcef Yousfi utilise un vocabulaire «musclé» pour qualifier l’ancienne méthode de gestion du secteur des hydrocarbures en Algérie et redéfinir la nouvelle stratégie adoptée par le gouvernement.

«Ces mesures ont été prises pour deux objectifs : le premier c’est de stopper les dérives qui se sont produites (…) dans la conduite de nos affaires, et le deuxième est d’impulser le développement des industries nationales, et nous maintiendrons le cap pour ces deux objectifs», a-t-il lancé devant les représentants de près de 40 grandes compagnies canadiennes et québécoises.

Le message du ministre est on ne peut plus clair. Il désigne «les dérives» enregistrées durant les dernières années dans la gestion du secteur de l’énergie en général et de la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach en particulier.

Cette dernière a été secouée dernièrement par un grand scandale de corruption. Youcef Yousfi défend mordicus les nouvelles mesures qui obligeront, désormais, les investisseurs étrangers à lancer des projets de production dans le pays. Il ne faut pas se contenter du pompage du pétrole et du gaz.

«Je sais qu’il y a des grincements de dents sur les nouvelles dispositions (d’investissement) qui ont fait couler beaucoup d’encre contre le gouvernement algérien. Mais il n’est pas possible de nous développer sans la diversification de notre économie et sans la relance de notre industrie, et nous avions l’ambition et la volonté de le faire», assène-t-il.

Précisant que ces dispositions ne remettent pas en cause les conditions offertes aux investisseurs, le premier responsable du secteur de l’énergie explique les critères qui présideront au choix des nouveaux partenaires de l’Algérie.

L’un des critères du choix des compagnies étrangères, qui seront implantées en Algérie, est, précise-t-il, leur capacité à s’installer en Algérie et à démarrer des unités de production d’équipements et de pièces de rechange.

«J’insiste sur la fabrication locale des équipements et des pièces de rechange, nous en importons chaque année pour 10 milliards de dollars dans le secteur des hydrocarbures», indique-t-il. Ce faisant, le ministre invite les opérateurs canadiens à venir investir en Algérie, tout en relevant «leur dynamisme et leur savoir-faire».

«Connaissant les entreprises canadiennes, je suis convaincu qu’elles pourront s’adapter (à ces mesures) et qu’elles seront présentes pour nous accompagner dans le développement de notre pays et de notre économie», déclare-t-il, en résumant le contenu du programme de son secteur. Il cite, dans ce sens, les projets à réaliser dans les prochaines années.

Concernant la réalisation des projets dans le secteur, Youcef Yousfi adopte une nouvelle démarche qui est, selon lui, celle du gouvernement. Il signe aussi le divorce avec la méthode Khelil. Rien ne sera laissé au hasard, dit-il en substance. Selon lui, aucun projet ne sera lancé «s’il n’est pas rentable».

C’est le cas même pour la future usine d’aluminium de Beni Saf. Bloquée depuis plusieurs mois, cette joint-venture entre Sonatrach et le consortium émirati Dubaï-Moubadala pourrait être relancée, «si elle est viable et intéressante».

«La démarche que nous préconisons pour ces projets est celle-ci : s’ils sont viables et intéressants pour nous, nous allons les développer, s’ils ne le sont pas, nous n’allons pas le faire», souligne-t-il. Le même principe sera appliqué pour le reste des projets pétrochimiques. «Nous sommes en train d’étudier ce projet. Nous avons des idées très claires sur ce que nous voulons et demandons à nos partenaires s’ils veulent suivre la démarche que nous préconisons pour ce projet», ajoute-t-il

Madjid Makedhi