Il tente de s’immoler devant le ministère de la Justice : les premiers éléments de l’enquête dévoilés

Il tente de s’immoler devant le ministère de la Justice : les premiers éléments de l’enquête dévoilés

Ce dimanche matin du 1er juin 2025, un drame inattendu a perturbé le quartier El Madania, à Alger. À 7h20, un homme s’est présenté à l’une des entrées du ministère de la Justice. Il a vidé un bidon d’essence sur le haut de son corps avant d’y mettre le feu.

Cet acte de désespoir a provoqué un vif émoi. Derrière ce geste aussi spectaculaire que tragique, un nom, Fawzi Zaghout. Un résident de Frenda, dans la wilaya de Tiaret, actuellement poursuivi dans deux affaires judiciaires.

Ce coup d’éclat, à quelques heures d’une comparution, soulève de nombreuses questions sur le lien entre sa situation judiciaire et son acte désespéré. La justice s’est exprimée rapidement à travers un communiqué officiel.

Un acte filmé, prémédité et relayé : la mise en scène d’un désespoir judiciaire

Selon le communiqué du procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs, l’homme s’est présenté seul devant le ministère, mais son geste n’était pas isolé. Il était accompagné de deux personnes. L’une lui a fourni un moyen de transport, l’autre a filmé toute la scène sans tenter d’intervenir. La vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux dans la foulée, amplifiant l’impact de cette scène d’automutilation.

LG Algérie

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Heureusement, la réactivité des agents de sécurité présents sur place a permis d’éviter le pire. Le feu a été rapidement maîtrisé, et les secours ont été appelés en urgence. La victime a été transportée à l’hôpital spécialisé en grands brûlés de Zéralda. À l’heure actuelle, son état est déclaré stable.

Le parquet a ordonné l’ouverture d’une enquête pour déterminer les motivations précises du geste, les responsabilités éventuelles des deux accompagnateurs, ainsi que les circonstances exactes de la tentative de suicide.

Un justiciable déjà dans le collimateur de la justice pour des affaires sensibles

En effet, Fawzi Zaghout n’est pas un inconnu pour la justice. Le jour même de l’incident, il était convoqué devant le tribunal correctionnel de Frenda pour deux affaires en cours. Il avait été laissé en liberté mais soumis à un contrôle judiciaire strict. Les faits qui lui sont reprochés relèvent tous deux du droit pénal :

  • Première affaire : exercice illégal d’une activité associative, usurpation de fonction et collecte de dons sans autorisation.
  • Deuxième affaire : incitation à un attroupement non armé et obstruction de la voie publique, ayant perturbé la circulation.

Ces chefs d’inculpation peuvent être perçus comme les signes d’un engagement militant ou associatif non encadré par la loi. Pour autant, rien ne permet d’affirmer aujourd’hui si le geste commis devant le ministère de la Justice était une forme de protestation, un appel à l’attention médiatique, ou le fruit d’une détresse individuelle extrême.

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Une enquête en cours et une opinion publique en alerte

Par ailleurs, les autorités judiciaires ont réagi avec diligence. Le parquet a rappelé, dans son communiqué, que l’information du public entrait dans le cadre des dispositions de l’article 11 du code de procédure pénale, qui autorise la communication de faits lorsque l’intérêt général l’exige. La diffusion rapide de ces informations vise aussi à contrer les spéculations sur les réseaux sociaux.

Cette affaire, bien au-delà de l’événement dramatique qu’elle représente, interroge sur plusieurs niveaux. La gestion de la pression judiciaire sur les individus, la responsabilité de ceux qui assistent à un drame sans intervenir, et les effets d’amplification médiatique que permet internet aujourd’hui.