Le Premier ministre a annoncé que “les forages expérimentaux vont être stoppés”. “Il n’y a aucun permis d’exploitation, nos frères doivent être rassurés”, a-t-il insisté.
Les citoyens d’In-Salah et de Tamanrasset exigeaient sa présence sur place, et c’est via la télévision qu’Abdelmalek Sellal s’invite chez les contestataires. Invité hier d’une émission de la Télévision algérienne, face à des journalistes de la presse publique qui ne faisaient que donner la parole au Premier ministre, sans le bousculer, conformément aux traditions de la maison, Abdelmalek Sellal a assuré que l’exploitation du gaz de schiste, contre lequel les citoyens du Grand-Sud manifestent depuis trois semaines, “n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement”. “On a un programme d’études d’ici à 2022 pour évaluer les ressources, et c’est ce que nous faisons. Mais il n’y aura pas d’exploitation. Il n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement”, a affirmé Abdelmalek Sellal. “Sonatrach doit d’abord maîtriser la technologie”, a-t-il justifié, annonçant la création prochaine d’un institut de formation à In-Salah, épicentre de la contestation et où le premier forage expérimental a été inauguré en décembre dernier. Histoire de rassurer encore davantage les populations, Abdelmalek Sellal a annoncé que “les forages expérimentaux vont être stoppés”. “Il n’y a aucun permis d’exploitation, nos frères doivent être rassurés”, a-t-il insisté. Il reste qu’en dépit de ces assurances qui s’apparentent à une reculade, l’option de l’exploitation du gaz de schiste semble inéluctable, perçue comme stratégique par l’Exécutif. “La réalité de l’économie, notamment pour l’énergie, on ne doit pas la cacher. La production des hydrocarbures est en nette diminution et l’année 2015 sera difficile. Nos réserves d’énergies conventionnelles ne vont pas dépasser 2027. Mais nous sommes un gouvernement responsable, on pense aux générations futures. On doit donc faire un travail de prospective et préparatoire”, a expliqué Sellal. “Il y a plus de dix pays, dont les États-Unis, le Canada, la Chine, la Grande-Bretagne et bientôt l’Arabie saoudite, qui exploitent le gaz de schiste. Il y a une grande consommation interne en énergie, et si l’on continue à ce rythme, nos réserves ne pourront pas répondre aux besoins”, a-t-il justifié. Autre argument : l’Algérie, d’après toutes les études, recèle la troisième réserve mondiale en gaz de schiste.
À ceux qui évoquent des répercussions sur l’environnement, la santé, ou encore les réserves hydriques, Abdelmalek Sellal, rappelant sa connaissance de la région et son passage à la tête du ministère des Ressources en eau, a assuré qu’“entre l’eau et le gaz, le choix est vite fait”. “On vit de l’eau”, dit-il. Tout en reconnaissant, à demi-mot, quelques ratages dans la communication sur le projet, Abdelmalek Sellal a rappelé que son gouvernement était ouvert au dialogue. “Nous sommes un gouvernement de dialogue, c’est une directive du Président. Le dialogue doit être permanent. La population est dans son droit de revendiquer, on doit l’écouter”, a-t-il conclu. Il reste maintenant à savoir si cette sortie va calmer les populations du Sud et les rassurer sur la sincérité de l’Exécutif.
K. K.
