75 accusés sont appelés à la barre, 385 témoins sont convoqués ainsi que 133 personnes représentant les victimes et les parties civiles.
Khalifa le «remake», c’est pour ce matin et avec la présence de l’ «acteur» principal! En effet, le nouveau procès s’ouvrira ce matin à la cour de Blida avec la présence du golden-boy. 75 accusés défileront donc à partir de ce matin à la barre, dont le principal prévenu Abdelmoumene Khalifa.
L’ex-golden-boy devrait être présent en chair et en os à son procès et non via la vidéoconférence, comme cela a été annoncé à travers la presse nationale. On a appris également que 50 parties civiles se sont constituées dans ce procès. Plus de 385 témoins doivent aussi défiler à la barre. En fait, l’aspect le plus passionnant de ce procès réside dans ce défilé de témoins dont la majorité est constituée des personnalités politiques, des finances, du sport, de l’art, de hauts cadres de l’Etat. Même si leur présence n’est pas acquise, d’anciens ministres et même des ministres actuels sont appelés à témoigner contre ce qui restera comme la plus grande escroquerie qu’a connue l’Algérie. Car, il faut savoir que contrairement aux idées reçues, ce procès dont 50 parties civiles se sont constituées n’est pas un procès de corruption mais celui d’escroquerie à grande échelle doublée d’une association de malfaiteurs.
Les chefs d’accusation retenus sont association de malfaiteurs, faux et usage de faux en écriture publique, blanchiment d’argent et complicité de dilapidation de deniers publics. Ce qui complique le procès, c’est qu’il est criminalisé. En effet, en novembre 2002, les transferts de capitaux du groupe vers l’étranger sont bloqués par la Banque d’Algérie. Quatre mois plus tard, trois cadres de Khalifa TV sont arrêtés à l’aéroport d’Alger avec deux millions d’euros en argent liquide alors qu’ils s’apprêtaient à s’envoler pour Paris.
El Khalifa Bank a un trou de 3,27 milliards de dinars dans sa caisse. Les différentes enquêtes et les auditions pendant le procès révéleront la mise en place d’un véritable système mafieux qui fera perdre 200 milliards de dinars à des entreprises publiques et des organismes nationaux comme l’Aadl, l’Ogpi mais aussi la Cnas, la Casnos et la CNR. Néanmoins, en plus de ce qui est déjà connu sur l’arnaque Khalifa, de nouvelles révélations sont attendues lors de ce nouveau procès qui aurait causé un préjudice d’au moins 1,5 milliard de dollars, certaines estimations évoquant le double.
Ces révélations ou les premiers mots publics de Khalifa après son exil londonien peuvent carrément changer le déroulement du procès. Il faut donc s’attendre à de nouvelles révélations qui risquent de faire tomber de grosses têtes…
Enfin, il est utile de rappeler que Abdelmounene Khalifa avait été condamné en 2007 par contumace à 20 ans de réclusion, lors d’un procès qui avait duré six semaines. Ce procès, Khalifa 1, tenu en mars 2007, s’était achevé en plus de la condamnation de Moumene Khalifa, par la prononciation de peines allant d’une année à 20 ans de prison et la relaxation d’une cinquantaine de personnes, parmi les 94 prévenus jugés en comparution. 10 autres accusés avaient été condamnés par contumace, comme le principal accusé dans cette affaire, Abdelmoumène Rafik Khelifa, condamné à la prison à perpétuité. Car, étant réfugié en Grande-Bretagne depuis l’éclatement de l’affaire. Il aura fallu une lourde et longue bataille judiciaire pour que les autorités algériennes, puissent enfin en 2013 réussir à obtenir son extradition.
Le 24 décembre 2013, il a été remis aux autorités algériennes et directement entendu par le procureur général de la cour de Blida et emprisonné à la prison de la même ville. C’est d’ailleurs dans la ville des Roses qu’il sera rejugé comme la première fois par le président de la chambre criminelle de Blida, Antar Menaouar. Les délibérations se tiendront à la salle 01 dudit tribunal criminel. Le procès se déroulera donc à Blida. Certains doivent certainement se demander pourquoi le choix précis du tribunal criminel près la cour de Blida? Eh bien, l’explication est toute simple. Lorsque Khalifa était en fuite à l’étranger l’instruction s’est déroulée au tribunal de Chéraga, du fait que le siège social du groupe Khalifa se trouvait dans cette commune de la banlieue Ouest d’Alger.
En 2003, le tribunal de Chéraga dépendait de la cour de Blida. Ce qui n’est pas le cas actuellement puisqu’avec le nouveau découpage judiciaire, il dépend de la cour de Tipasa et que le procès doit se dérouler à Tipasa? Oui, en principe. Mais par souci de continuité et pour ne pas perturber davantage le bon déroulement de ce procès déjà compliqué, il a été décidé de garder le même «décor» avec des magistrats qui connaissent parfaitement le dossier.