Il somme les télés privées de proscrire la violence de leurs programmes, Hamid Grine met de l’ordre

Il somme les télés privées de proscrire la violence de leurs programmes,  Hamid Grine met de l’ordre

Une mise en garde qui porte le sceau de l’urgence

D’autres mesures ont été prises, mais qui n’ont pas été portées à la connaissance du grand public.

Quelques jours après les déclarations du ministre des Affaires re

ligieuses sur le phénomène des imams cathodiques, le ministère de la Communication monte au créneau et use de fermeté vis-à-vis des chaînes privées qui offrent des tribunes à ces personnages. Le département de Hamid Grine ne va pas par quatre chemins et responsabilise les dirigeants de ces chaînes.

Une mise en garde qui porte le sceau de l’urgence. Le ministère réclame de «prendre, sans délai, des dispositions rigoureuses» pour débarrasser les grilles des programmes de toute tentation de violence et des comportements qui vont à l’encontre des valeurs de la société algérienne. Le ton est assez ferme pour croire à un passage à l’acte en cas de persistance dans l’erreur ou de la récidive. La sanction, prévient le ministère, est un retrait pur et simple de l’autorisation provisoire d’activité sur le sol national. Le ministère de la Communication justifie sa montée au créneau par la diffusion par certaines chaînes «des scènes contraires à nos traditions ancestrales et à nos valeurs religieuses qui bannissent la violence sous toutes ses formes et sacralisent la famille algérienne encline à la paix et à la sérénité».

Le département de Hamid Grine note «une orientation contraire à ces valeurs dans certains programmes télévisés diffusés durant ce mois, notamment en prime time tendant d’une manière condamnable à focaliser sur des expressions de violence, en banalisant ses différentes manifestations», rapporte hier une dépêche de l’Aps. En effet, la course à l’audimat que connaît le paysage audiovisuel depuis l’entame du mois sacré de Ramadhan a provoqué des dérives innommables dont se rendent coupables des chaînes de télévision privées. De la simulation d’une attaque terroriste avec prise d’otages, en passant par des scènes d’horreur qui feraient fuir n’importe quel adulte, les caméras cachées du cru 2015 ont dangereusement joué avec la santé des Algériens. D’abord, des victimes de ces programmes télévisés, ensuite des téléspectateurs algériens à qui ce genre de scènes rappellent un passé très douloureux. Et pour ne pas déroger à la règle de l’audimat, certaines chaînes ont à diffuser des prêches incendiaires qui appellent carrément au meurtre.

Ce constat, assez terrible, lève le voile sur des pratiques condamnables dont se rendent coupables des chaînes de télévision privées, sous couvert de liberté d’expression notamment. Le ministère de la Communication vient mettre de l’ordre dans un secteur qui allait à la dérive, notamment sur l’aspect du discours religieux et de la promotion injustifiée de la violence. La vigilance du ministère qui a, d’ailleurs conduit à cette mise en garde, sera de mise, souligne-t-on. «Dans tous les cas, elle (la tutelle) n’hésitera pas à prendre les mesures légales qui s’imposent et pouvant aller jusqu’au retrait de l’autorisation». Si cette sortie

montre que le département de la Communication suit de très près le paysage audiovisuel national, il n’en reste pas moins que d’autres mesures ont été prises, mais qui n’ont pas été portées à la connaissance du grand public. La sortie du ministère, qui vient rappeler les patrons de chaînes à leur responsabilité, doit être prise pour ce qu’elle est, à savoir un recadrage de l’activité dans l’intérêt de la nation et de la société algériennes. Il était sans doute nécessaire de prendre l’opinion publique à témoin sur les observations du ministère et des manquements de certaines chaînes de télévision, qui n’ont apparemment pas tenu compte des commentaires du président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav), Miloud Chorfi, ni des critiques ouvertes formulées par le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, contre les comportements nuisibles des imams autoproclamés. Hamid Grine qui n’est visiblement pas dans la communication-spectacle, pour n’avoir pas «crevé» les écrans à tout bout de champ, est un homme d’action qui met l’efficacité de la démarche ministérielle à la tête des priorités du secteur. On peut supposer donc que le propos est assez lourd de sens et que les résultats doivent être constatés «sans délais», et dans le cas contraire, le tout nouveau paysage audiovisuel national connaîtra quelques changements sous peu. L’enjeu, en ces temps troubles, est de taille. La maîtrise de la communication, est, dans une large mesure, la clé du succès de toute action humaine. Dans la marche de l’Algérie vers une véritable démocratie, le contrôle de la communication est une donne stratégique. Dans ce cadre, les réformes présidentielles initiées en 2012 et que le ministère rappelle, ne doivent pas servir des intérêts autres que ceux du peuple algérien et de son Etat. Si beaucoup de professionnels du secteur ont tenté l’expérience médiatique avant la mise en place de tout le dispositif législatif et légal, cela n’implique pas que n’importe qui peut faire n’importe quoi.

Sur certains aspects, le ministère a noué un dialogue avec les patrons de chaînes, tant verbalement que par écrit sur «la nécessité de s’en tenir scrupuleusement aux exigences de l’exercice de l’activité audiovisuelle, dans l’esprit des dispositions de la législation et de la réglementation algériennes en vigueur en la matière, d’une part et, d’autre part, celles observées dans les sociétés démocratiques», conclut le département de la communication.