Au-delà de son contenu, le discours de Bensalah a une tonalité personnelle en laissant entendre qu’il tient bien les rênes du RND. Exit donc Ouyahia.
Vaste revue des effectifs et explication de texte ont été au rendez-vous de l’intervention du secrétaire général du RND, Abdelkader Bensalah, lors de la rencontre régionale qu’il a tenue, hier, à Bou Hanifia, à l’occasion du 18e anniversaire de son parti. Si les sujets d’actualité ont été abordés, à l’image des pourparlers avec le FFS, ou encore le dossier du gaz de schiste, l’orateur est revenu sur le 4e congrès du RND comme pour s’adresser aux plus sceptiques qui prédisaient l’implosion du parti.
Un congrès qualifié de crucial dans la vie du RND et de fédérateur, malgré toutes les dissensions qu’il a connues. Pour rappel, les préparatifs du
4e congrès, qui s’est tenu fin décembre 2013, avaient exacerbé la rivalité entre les proches de l’ancien secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia, et ceux appelés les redresseurs. En rappelant les acquis de ce congrès basé sur une transparence dans sa gestion, Bensalah tacle indirectement son prédécesseur, Ahmed Ouyahia, accusé alors de diriger unilatéralement les destinées du parti. Abordant la question du dialogue inter-partisan, le SG du RND réaffirmera la volonté de sa formation à dialoguer avec les partis qui le demandent. Concernant l’initiative du FFS, il précisera que “les conditions de réussite de l’initiative du FFS ne sont pas présentes car toute démarche ne peut aboutir sans le patronage des institutions de l’État”. Détaillant son approche, il dira que “nous avons eu deux rencontres avec les responsables du FFS, au cours desquelles nous avons exprimé clairement la position de notre parti, mais plusieurs de nos questions sont restées sans réponse”. Il ajoutera, à ce sujet, que “la solution réside dans la révision de la Constitution”. À propos du gaz de schiste, il a repris la ligne de défense officielle en déclarant à ce sujet que “la question n’est pas tranchée. Elle n’a pas encore fait l’objet d’une décision définitive. Certes, le gouvernement accorde un intérêt particulier à ce sujet, mais il doit s’assurer que son exploitation est sans risques”. Et d’ajouter : “Dans certains pays qui se respectent, ce produit est en exploitation, ce qui n’est pas le cas pour notre pays qui reste au stade de la prospection.”
Il expliquera que pour l’État, “l’exploitation du gaz de schiste n’est pas une option définitive, mais un des choix que l’on peut retenir après des études et des expertises précises sur lesquelles doit se baser le gouvernement avant de prendre une décision définitive”. Revenant sur les préoccupations d’une partie de la population du sud du pays, le secrétaire général du RND dira que “nous prenons en considération les craintes exprimées par certains habitants du Sud”. Se voulant rassurant, il affirmera qu’“il est inconcevable que le gouvernement lance un projet pouvant être nuisible à la population”, en s’interrogeant ainsi : les États qui exploitent le gaz de schiste, considérés comme pays développés dans les domaines scientifique et biologique, n’accordent-ils aucun intérêt à leurs populations ?
À ce titre, le RND demande l’ouverture d’une porte au dialogue technique et scientifique avec ceux qui ont un avis contraire à ce sujet, rappelant que le gouvernement a laissé “ouvertes les voies du dialogue”. À propos de l’opposition, particulièrement de la CLTD, qui appelle à investir la rue, le SG du parti sera très clair en déclarant que “les tentatives de l’opposition d’exploiter les revendications des populations du Sud et la conjoncture économique actuelle du pays resteront vaines”.
Sur sa lancée, il invitera l’opposition “à faire preuve de retenue et de prudence dans ses déclarations et prises de position qui se démarquent des réalités politiques vécues”.
Revenant sur les marches prévues mardi, il mettra en garde contre les dangers que représentent les incitations et les appels à manifester dans la rue car, explique-t-il, “ils sont susceptibles d’entraîner le désordre et menacer la stabilité”.
Par ailleurs, et dans son intervention, le secrétaire général du RND s’est longuement étalé sur le parcours de sa formation politique. Il a tenu à retracer les circonstances de la création du RND dans des conditions caractérisées par la montée du terrorisme.
A. B.