Dernière tentative de l’émissaire international, Lakhdar Brahimi, en Syrie?
Lakhdar Brahimi est arrivé hier à Damas pour tenter une nouvelle fois de parvenir à une solution au conflit qui ravage la Syrie depuis près de deux ans.
Sur le terrain, l’aviation menait des raids meurtriers sur plusieurs régions du pays, où la rébellion contre les autorités du pays lancée dans le sillage du Printemps arabe en mars 2011 est désormais une guerre civile «ouvertement communautaire», selon les Nations unies. Contrairement à ses visites précédentes, l’envoyé spécial de l’ONU est entré en Syrie par la route depuis le Liban, les combats ayant récemment gagné les abords de la route reliant l’aéroport international de Damas à la capitale. Des sources à l’aéroport de Beyrouth ont affirmé à l’AFP que les Nations unies s’étaient engagées à assurer la sécurité du diplomate algérien dans le pays en proie à la violence. Peu avant l’arrivée de M.Brahimi à Damas, le ministre syrien de l’Information Omrane al-Zohbi a assuré, lors d’une conférence de presse, ne pas avoir été informé de cette visite. Affirmant ne pas avoir connaissance d’un quelconque plan de l’émissaire international, il a une nouvelle fois appelé au dialogue, estimant que «le temps presse», et souligné que «seuls les Syriens participeront à ce dialogue national», accusant la Turquie et le Qatar de soutenir les rebelles considérés par Damas comme étant des «terroristes». L’opposition pose comme condition préalable à toute négociation le départ du président Assad. Aucun programme n’a été donné pour le moment pour cette visite non annoncée. Lors de sa dernière visite à Damas, du 19 au 24 octobre, M.Brahimi avait rencontré le président Bachar Al Assad ainsi que plusieurs hauts responsables. Il avait notamment négocié avec eux la mise en place d’une trêve pour la fête de Aïd el Adha fin octobre, qui avait volé en éclats au bout de quelques heures. Cette nouvelle visite intervient après plus de 21 mois d’un conflit qui a fait plusieurs milliers de morts et a vu toutes les parties se radicaliser, l’Otan faisant état de tirs de missiles Scud par l’armée, tandis que les islamistes gagnent en ampleur au sein de la rébellion. Alors qu’un bataillon rebelle a prévenu samedi qu’il attaquerait deux localités chrétiennes si leurs habitants n’en chassaient pas l’armée, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a dénoncé ces menaces, redoutant une tournure confessionnelle du conflit. Face à ces violences qui ne faiblissent pas, la communauté internationale reste paralysée par ses divisions, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU où Moscou et Pékin tentent d’équilibrer les choses au moment où d’autres membres permanents du Conseil de sécurité, Etats-Unis et France notamment, soutiennent résolument la rébellion et accentuent les sanctions contre Damas. Mais, «personne n’a envie d’une intervention», a affirmé samedi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. «Il semble même parfois que (les pays impliqués dans la crise syrienne) prient pour que la Russie et la Chine continuent de bloquer toute autorisation d’une intervention, parce que dès que ce sera autorisé, ils devront agir, et personne n'(y) est prêt», a-t-il dit. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (Osdh, basé en Grande Bretagne), 117 personnes ont péri samedi, dont 53 soldats et 35 rebelles. Un bilan provisoire de l’Osdh pour hier fait état de 49 morts, dont 27 dans Alep et sa région, dans le nord syrien. Parmi eux, 12 civils ont été tués par un même raid aérien sur la localité de Sfira, selon l’Osdh.