Il sera expulsé mercredi vers l’Algérie… sans sa famille, qui reste à Roubaix

Il sera expulsé mercredi vers l’Algérie… sans sa famille, qui reste à Roubaix

Abdelwahab Anrane, sans-papier, doit quitter la France laissant femme et enfants ici. Les recours juridiques sont épuisés. Les associations se mobilisent, avec l’e’spoir que le préfet reviendra sur sa décision.« Je me suis fait arrêter rue de l’Épeule à Roubaix. J’étais parti chercher des médicaments pour ma fille qui avait la varicelle. » L’histoire aurait pu être celle d’un contrôle d’identité banal. Sauf que Abdelwahab Anrane, 34 ans, n’a pas de papiers. Il est Algérien et vit depuis cinq ans en France, en situation irrégulière. Alors ce contrôle, le 4 avril dernier, n’avait rien de banal. « La police m’a emmené au commissariat.

Aujourd’hui, je suis à Lesquin et, depuis, je n’ai pas revu mes enfants… » La voix s’étouffe au bout du fil. Depuis deux semaines, Abdelwahab Anrane est au centre de rétention administratif lillois. L’antichambre de l’expulsion des étrangers. La sienne est prévue demain vers Alger. « Ils ont réservé un vol à 16 heures, je crois. » Là encore, il n’est pas sûr de revoir ses enfants avant le décollage.



Une famille éclatée

« Une famille va être éclatée », lâche amer Patrick Nanin. L’homme est président de l’association Pour agir contre toute exclusion et gère un réseau de douze épiceries solidaires. Il connaît bien Abdelwahab Anrane. « Il était bénévole chez nous depuis 2010. Il faisait vingt heures par semaine. J’étais prêt à l’embaucher au magasin d’Armentières. » Patrick Nanin ne tarit pas d’éloges sur le trentenaire. Il décrit un garçon serviable, convivial, sérieux et courageux. Même son de cloche du côté du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples. Ce matin, Louisette Fargeniaux, la représentante régionale, ne cachait pas son inquiétude. « Je vais rédiger un courrier au préfet, c’est le seul qui peut agir. Mais je ne sais pas quoi faire de plus. On a épuisé tous les recours juridiques. » Ce que confirme l’avocat d’Abdelwahab Anrane.

Olivier Cardon défend la famille depuis 2010. « D’un point de vue juridique, il y avait les moyens d’annuler la décision d’éloignement. » Mais successivement, le tribunal administratif de Lille, le juge des libertés et de la détention et la cour d’appel administrative de Douai en ont décidé autrement. Chacune des juridictions a validé la légalité de l’obligation de quitter le territoire (OQTF), sans délai, notifiée à Abdelwahab Anrane. Ce père de famille « sans problèmes », ajoute l’avocat, qui « joue son rôle », mais qui n’a pas de papiers.

Ce n’est pas la première fois que le Roubaisien est confronté à la justice pour ce motif. Il arrive en France avec sa femme et son premier enfant, en 2009. « J’avais un visa touristique. » Et de la famille en situation régulière installée dans la métropole lilloise. « J’ai commencé à travailler avec mon frère. Il est ambulancier. Il voulait m’embaucher. » Abdelwahab Anrane entame les démarches pour obtenir une autorisation de travailler. Premier refus de la préfecture. La première OQTF tombe. L’expulsion ne vient pas. Même scénario en 2011.

« Je me battrai pour mes enfants »

Entre-temps, la situation familiale a évolué. Le couple a eu deux enfants, nés dans la région. Le plus grand, âgé de huit ans, est scolarisé à Lille. La cadette de trois ans fréquente la maternelle Albert-Camus de Roubaix. Le plus jeune a un an et demi. « Ma femme est malade, c’est moi qui m’occupais d’eux, souffle-t-il inquiet mais pas abattu. Je me battrai pour mes enfants. » Si le préfet n’annule pas sa décision, Abdelwahab Anrane devra les quitter demain.