«Notre ville est souvent propre et on n’a pas vraiment besoin d’une visite officielle pour la nettoyer»
Au programme de la visite, un accueil populaire, un discours à l’Université Aoubakr Belkaïd, une visite touristique et une conférence de presse.
La ville de Tlemcen se fait, plus que jamais, belle. Elle recevra aujourd’hui une visite de marque, celle du président français, François Hollande. Jusqu’à, hier soir, les travaux d’embellissement des rues et artères principales de la ville se poursuivaient. Des drapeaux algériens et français sont accrochés un peu partout. Des banderoles, où se côtoient les portraits du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika et du président français, souhaitant la bienvenue aux hôtes de la capitale des Zianides, sont accrochées en certains endroits.
Si propre pendant toute l’année, contrairement aux autres villes du pays qui croulent sous les décombres, Tlemcen s’est faite, toutefois, une toilette de circonstance. Les travailleurs communaux n’ont pas beaucoup souffert; leurs tâches se limitant à l’accrochage des drapeaux et des banderoles, de nettoyage des rues et des trottoirs et de peinture de certaines façades. Ils n’ont pas dû, comme ce fut le cas à Alger, badigeonner des immeubles entiers ou à refaire des trottoirs; ces derniers étant déjà dans un relatif bon état.
«Notre ville est souvent propre et on n’a pas vraiment besoin d’une visite officielle pour la nettoyer. D’ailleurs, le nettoyage se fait presque quotidiennement. Le reste n’est que formalité protocolaire», atteste un chauffeur qui nous a déplacés de la place Imama, à proximité de l’hôtel Ibis, au centre-ville de Tlemcen.
Au programme de la visite de François Hollande, qui sera accueilli par M. Bouteflika au niveau de l’aéroport, une randonnée pédestre au niveau du boulevard Colonel Lotfi au centre-ville où un bain de foule l’attendra. M.Hollande prononcera un discours au sein de l’Université Aboubakr-Belkaïd où il sera fait docteur Honoris Causa et effectuera une visite touristique dans certains sites comme le Palais Mechouar et le Centre culturel français. Une conférence de presse, où il fera à coup sûr le bilan de sa visite en Algérie, est également prévue au niveau de l’hôtel Renaissance. François Hollande regagnera la France directement à partir de l’aéroport de Tlemcen.
Si les autorités locales ne ménagent aucun effort pour réussir cette visite, les citoyens, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ne lui accordent pas beaucoup d’importance, sinon de l’accueillir dans l’indifférence. Une tournée effectuée, hier matin, dans les différentes rues de la ville nous renseigne sur cet état de fait. Quand ils ne vaquent pas à leurs occupations quotidiennes, des citoyens, comme ce jeune cafetier, s’inquiètent du fait que toute la ville sera bloquée à l’occasion de cette visite.
«Demain, (aujourd’hui Ndlr), tout sera fermé et tu ne trouveras même pas où prendre un café ou un bus de transport pour te déplacer», dit-il. A 10 heures passées, nous nous sommes attablés au niveau de la cafétéria El Hana, Place Imama. Par cette belle journée ensoleillée comme les meilleures du printemps, les gens parlaient peu de la visite du président français.
Autour d’une table qui nous fait face, les jeunes qui sirotaient leurs tasses de café conversaient plutôt du football. Ils évoquaient le Widad de Tlemcen, la JSK et sa dégringolade….
En face, est implanté le plus grand showroom de Renault dans la capitale des Zianides.
«Le président français passera-t-il par cette rue?», avons-nous demandé à ces jeunes, après qu’on se soit excusés de l’interruption de leur discussion. «Non, je ne pense pas, il va au centre-ville, plus haut», répond l’un d’eux, en exprimant son indifférence par rapport à cette visite. D’autres se disent honorés du fait que le président d’un pays l’une des puissances mondiales, soit l’hôte de leur wilaya.
Mais pourquoi d’abord Tlemcen et non une autre wilaya du pays? Les habitants de cette wilaya ne se posent certainement pas cette question. Posée à un attaché de presse de la présidence de la République algérienne, il a eu cette réponse non convaincante du fait que la visite de Hollande n’est pas touristique mais politique: «Ce sont les hôtes qui ont choisi quelles régions visiter et non les responsables algériens qui l’ont fait à leur place.»