Les mesures prises ces dernières années par les pouvoirs publics en vue d’éradiquer le commerce informel se sont, jusque-là, avérées vaines.
Certes, le fléau n’est pas de la même ampleur qu’auparavant, mais des milliers de jeunes vendeurs occupent toujours les espaces publics où ils exercent leur activité illégalement, sans être sérieusement inquiétés par les différents organes de contrôle et de sécurité publics. La réalisation de marchés de proximité de fruits et légumes et de locaux commerciaux au niveau des centres urbains et semi-urbains n’a pas poussé les vendeurs à la sauvette vers l’exercice de cette activité conformément aux lois en vigueur. L’organisation de ce créneau n’a pas été acquise par le gouvernement, car les jeunes vendeurs ont toujours opté pour la manière la plus facile, la plus rentable et, surtout, la moins contraignante. Lorsqu’on fait le commerce sur les trottoirs, on n’est pas obligé de payer d’impôts ni de se soumettre à des normes d’hygiène et de tarification telles qu’elles sont stipulées par le code du commerce.
«Travailler dans des locaux ou des marchés organisés est, certes, une bonne solution pour assurer l’avenir, mais il faut aussi disposer d’un capital pour s’approvisionner en grandes quantités de produits et payer les impôts.
Ces hauts responsables n’ont pas compris que les vendeurs informels luttent, en réalité, pour gagner leur vie au jour le jour et la plupart d’entre eux n’ambitionnent pas de devenir de grands commerçants», expliquent certains vendeurs au niveau des trottoirs de Belcourt, Bachdjerrah et Boumaâti, à Alger. Mais pourquoi continuent-ils alors à exercer de façon anarchique depuis plusieurs années ? une question que se posent plusieurs observateurs. «Le commerce informel nous permet d’être à l’aise. Nous vendons tout ce que nous voulons, tout ce qui nous rapporte des bénéfices, alors que si nous nous engagions dans une activité organisée, nous serions obligés de nous limiter à la vente de produits bien déterminés», répondent nos interlocuteurs, qui exposent à chaque période de l’année les objets convoités par les consommateurs. En dépit de son interdiction par la réglementation en place et la mobilisation des services du ministère du Commerce et ceux de la Sûreté nationale pour son éradication, ce créneau semble encore avoir de beaux jours devant lui, tant les actions visant à le juguler ont souvent été marquées par une démarche plutôt approximative.

Et les premiers concernés l’ont bien compris. «L’acharnement des policiers contre nous se fait dans des conjonctures déterminées, comme par exemple à l’approche des fêtes religieuses, durant le mois de ramadan ou encore à la rentrée sociale. Des périodes durant lesquelles nous réduisons notre présence pour échapper à la répression et à la saisie de notre marchandise, mais ensuite nous reprenons notre activité normalement».
A. H.