Il s’élève à 500 milliads de dollars Le halal, ce marché que l’Algérie ignore

Il s’élève à 500 milliads de dollars Le halal, ce marché que l’Algérie ignore

Manger de la viande halal. Utiliser des cosmétiques halal. Un marché qui progresse fortement dans le monde, estimé à hauteur de 500 milliards de dollars. L’Algérie estelle présente dans ce marché mondial du halal ? Dans l’absolu, non.

«L’Algérie n’est pas présente dans le marché halal», affirme le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (ANEXAL), Ali Bey Nasri, contacté. Certes, l’Algérie exporte de l’agroalimentaire même si les quantités et les recettes générées restent encore faibles.

De même, des produits agricoles et agroalimentaires arrivent à accéder au marché français, voire ailleurs, parce que réputés provenir d’un pays musulman et même si des contraintes normatives sont relevées parfois Toutefois, l’Algérie n’est pas un exportateur déclaré de produits halal déclarés en tant que tels, à la différence de ses voisins qui s’inscrivent résolument dans ce segment porteur à l’échelle mondiale.

LE HALAL, UN MARCHÉ DE 500 MILLIARDS DE DOLLARS

Ciblant un marché de l’ordre de 1,3 milliard de musulmans dans le monde, voire de 1,6 milliard de consommateurs potentiel, l’industrie du halal représente actuellement un volume d’affaires de l’ordre de 500 milliards de dollars, selon diverses données internationales.

Fluctuant en termes de ventes essentiellement alimentaires entre 400 et 600 milliards de dollars durant les dernières années, représentant le cinquième du commerce mondial de l’agroalimentaire, ce marché progresse de 10% par an, voire davantage à l’avenir (entre 15 et 20%), en raison de l’engouement des consommateurs pour ce type de produits, qui au-delà de l’aspect religieux se caractérisent par leurs vertus hygiéniques, une traçabilité commerciale assez évidente…

Un engouement qui croît pour les produits surgelés, les médicaments ainsi que les cosmétiques dont la part de marché dépasse de loin celle du bio, note-t-on ailleurs.

En France, ce marché croît de 10% par an, représentant un volume de ventes de l’ordre de 5,5 milliards d’euros (en 2012). Soit un créneau porteur pour la distribution de détail et qui stimule une forte concurrence des enseignes, tant petites que grandes, même si des dysfonctionnements en matière de contrôle et d’organisation n’ont pas manqué de défrayer la chronique.

QUID DE LA CERTIFICATION ?

Mais à la différence des pays asiatiques (avec une part de marché de 63% et un volume de 277,4 milliards de dollars), la Malaisie notamment, classé premier exportateur mondial et qui a mis en place une stratégie d’exportation offensive des produits halal, l’Algérie reste pourtant à la traîne.

Il n’y a pas d’opérateurs spécialisés dans ce domaine, de réseau de distribution à l’international, indique-t-on, au-delà de certaines velléités individuelles, de binationaux. Pourquoi ? La réponse est justement liée, explique le président de l’Anexal, à la problématique de la certification, de la labellisation.

«Nous n’avons pas de label halal», indique-t-il, en relevant l’absence d’une autorité habilitée à délivrer ce genre de certificat ainsi que la méconnaissance de ce qui est halal ou non. «Qui certifie quoi ?», s’interroge-t-il. «Un déficit que l’Algérie doit combler même si un pas a été déjà entrepris dans le domaine de l’importation », note Ali Bey Nasri.

En effet, les produits d’importation, notamment alimentaires, doivent être accompagnés d’un certificat d’origine pour accéder au marché algérien. Mais en matière d’exportation, l’Algérie ne dispose pas d’un label, a contrario du Maroc où un label a été déjà mis en place et une douzaine d’entreprises déjà certifiées.

Notons que le voisin maghrébin oeuvre à pénétrer le marché européen, essentiellement français, d’une manière très offensive, par le biais d’une démarche marketing réfléchie, l’organisation de salons dédiés tels celui de Meknès mais aussi l’engagement dynamique de l’establishment entrepreneurial (l’action de l’Association marocaine des exportateurs Asmex étant à relever). La Tunisie n’est pas en reste avec deux entreprises déjà certifiées halal.

UN CHALLENGE POUR L’ÉCONOMIE NATIONALE

L’Algérie ne pourrait, donc pas rester en marge de ce mouvement, au regard de ses potentialités, de ses capacités et spécificités agricoles essentiellement bio. A charge cependant que ce pays puisse disposer d’une stratégie réelle de développement des exportations.

Ce qui n’est pas encore évident. D’où l’opportunité de mettre en place ce label, de mettre en place une nomenclature des produits halal potentiellement exportables, une réglementation incitative et des mécanismes de régulation et de contrôle efficaces et efficients.

Comme il s’agit d’encourager les opérateurs algériens à investir ce créneau, même si plusieurs entreprises participent aux différents salons et foires qui ont lieu régulièment dans le monde, notamment à Paris.

C. B.