Il se trouve à un jet de pierre de l’Hôtel de ville, Un bidonville au cœur de Sidi El-Houari

Il se trouve à un jet de pierre de l’Hôtel de ville, Un bidonville au cœur de Sidi El-Houari

Expulsées en janvier 2009, sur décision de justice, de l’immeuble menaçant ruine d’une propriété privée sise au n° 3, rue Seddik-Hamouche à Sidi El Houari, seize familles sont à la rue depuis quatre années. Elles attendant d’être relogées.

Ces dernières étaient, durant de longues années, locataires dans un vieil immeuble menaçant ruine relevant d’une propriété privée à l’adresse précitée.

Elles ont été expulsées de cette bâtisse sur décision de justice après avoir été poursuivies par la propriétaire, suite à un différend ayant opposé les deux parties. N’ayant pas où aller, ces familles ont construit des baraques de fortune dans la rue et, depuis, elles y sont.

Elles vivent dans des conditions inhumaines dans ces baraques construites avec des objets hétéroclites (des tôles, des bouts de planche, du carton, des nattes, des films de plastique…), à proximité d’un bout de terrain vague où poussent des herbes folles et où s’amoncellent des ordures ménagères, au cœur même du quartier de Sidi El Houari.

Bien entendu, ces familles ne disposent pas de sanitaires: elles font leurs besoins dans des bidons qu’elles déversent dans le terrain vague.

«ON NOUS A VOLÉ NOTRE RÊVE»

Et comme elles n’ont pas non plus d’eau courante, elles s’alimentent auprès de leurs voisins. Le tout pour dire que ces familles vivent dans une grande misère au vu et au su de tous. «De temps à autre, je me demande pourquoi nous existons. Je me demande aussi comment fuir cette misère et le pays où, moi et mes enfants, nous n’avons pas le droit au logement.

On nous a volé notre rêve et notre enfance. Nous n’avons profité de rien et cela me fait mal au cœur et me révolte d’entendre ou de lire dans les colonnes des journaux que les services concernés de la commune ont réservé tant de milliards de centimes pour telles festivités, alors que des familles comme nous, ne trouvent même pas un toit pour s’abriter», s’exprime, dépitée, une mère de famille.

Occupant avec ses enfants l’une de ces baraques, un ex-agent de la Garde communale nous relate la situation, ô combien difficile et lamentable, dans laquelle il vit avec sa famille.

«Au manque d’hygiène, s’ajoute la menace des sangliers qui, de temps en temps, viennent rôder pendant la nuit à la recherche de nourriture dans ces tas d’ordures. Ici, les rats pullulent, une enfant a d’ailleurs été mordue.

Il y a aussi des serpents, sans parler des essaims de moustiques. Et, pour compléter le décor d’apocalypse, une meute d’une vingtaine de chiens errants vient, dès la tombée de la nuit, menacer la sécurité des habitants», raconte notre interlocuteur.

«NOUS VOULONS UN GESTE DES AUTORITÉS»

Remarquant notre présence, une mère de famille intervient pour exprimer son étonnement face à l’indifférence qu’affichent à leur égard les autorités locales qui ne se sont jamais donné la peine de leur rendre visite pour s’enquérir de leur situation.

«Sous des cieux plus cléments, les gens, qui vivent dans les mêmes conditions que nous, ont droit à des visites périodiques des médecins sur place, pour subir des examens médicaux de prévention afin d’éviter des maladies contagieuses telles que la gale, la tuberculose, l’hépatite etc», souligne-t-elle, avant de nous souligner qu’elles (ces familles) sont recensées auprès du secteur urbain de Sidi El Houari et auprès des services concernés de la daïra, depuis les premiers jours de la date de leur expulsion. «J’ai 40 ans, je suis née ici et je me suis mariée ici.

Mes enfants sont nés ici, je ne suis pas tombée du ciel, j’ai donc droit au logement. Tous, nous avons droit au logement, nous en avons assez de la misère et des promesses», insiste-t-elle.

Les chefs de familles se demandent pourquoi on a relogé plusieurs familles qui occupaient des immeubles voisins menaçant ruine et relevant du patrimoine de l’OPGI, alors que celles qui louaient des appartements chez des particuliers depuis les années 1960 et 1970 n’ont pas ce même droit. Pourquoi ces familles sont abandonnées à leur triste sort, jetées à la rue et donc exposées au danger de mort ?

A. Bekhaïtia