Il se présente aux élections législatives pour asseoir sa légimité: Le burnous que veut Sellal

Il se présente aux élections législatives pour asseoir sa légimité: Le burnous que veut Sellal

Par cette décision, le Premier ministre opère une vraie démonstration de l’exercice démocratique qui s’inscrit en droite ligne dans l’esprit de la nouvelle Constitution.

Nouvelle étape, nouvelle expérience politique en Algérie. La décision du Premier ministre Abdelmalek Sellal de se porter candidat aux prochaines législatives est loin d’être un fait anodin dans la vie politique nationale. C’est la première fois en effet, qu’un Premier ministre en exercice se frotte au suffrage universel.

Sellal qui a accompli un travail remarquable durant les cinq années qu’il a passées à la tête de l’Exécutif, veut passer à une autre étape, celle de donner une réelle signification au concept de «la démocratie participative». C’est donc d’un burnous de légitimité dont veut s’envelopper le Premier ministre. Une manière de redonner à la future assemblée toute sa crédibilité. Une vraie démonstration de l’exercice démocratique qui s’inscrit en droite ligne dans l’esprit de la nouvelle Constitution. Surtout que cette dernière accorde l’honneur de driver l’Exécutif au parti majoritaire. Cela d’une part, de l’autre, les décisions que prendra Sellal en tant que Premier ministre fort d’une légitimité populaire ne vont souffrir d’aucune équivoque. Il aura le mandat du peuple.

Tout est caractéristique chez cet homme politique dont la méthode et le style sont estampillés d’une élégance technique. Il excelle dans l’art de dérider les visages les plus crispés en lançant de simples boutades. Il est semblable à ces enfants intelligents, mais trop fragiles pour se battre face au grand imbécile de la classe. Ils dissimulent alors des pierres dans du papier à dessin. Et le grand imbécile qui les reçoit en pleine poitrine s’écrie suffocant: «Mais qu’est-ce qu’il a celui-là?». Il a que, Sellal est timide. Cet homme élancé aux gestes courts, son sourire incertain, son élocution hésitante, suffisent à trahir cette timidité: celle des téméraires qui, pieds ailés, remontent de l’extrême sud du pays jusqu’au nord en gravissant, sans trébucher, une à une, les marches du pouvoir.

Toute la philosophie de Sellal se résume dans cette expression qui lui est propre: «Je suis un alpiniste.» Mais Sellal est le contraire de l’aventure. Tout le retient sur la terre ferme et il peut se targuer d’une expérience enviable. De chef de daïra à Tam, il se retrouve Premier ministre à Alger. Il a battu le record de longévité dans un poste qui a la mauvaise réputation d’être un siège éjectable. Jamais depuis l’indépendance, un Premier ministre n’est jamais resté aussi longtemps à ce poste.

Enarque en section diplomatie de la promotion Mohamed Aslaoui de 1974, il débuta sa carrière à Guelma en tant qu’administrateur en 1974 puis conseiller du ministre de l’Enseignement primaire et secondaire en 1976. Il entame la grande vadrouille à travers le pays depuis 1977: chef de daïra de Tamanrasset puis Arzew, Adrar, Sidi Bel Abbès, Oran et Laghouat. Rappelé aux AE en tant que chef de cabinet en 1994 avant d’être nommé ambassadeur à Budapest en 1996 avant d’intégrer, en 1998, le gouvernement, d’abord sous la présidence de Zeroual, puis sous Bouteflika.

A sa nomination au poste de Premier ministre en 2012, Abdelmalek Sellal a eu cette particularité qui le distingue de tous les autres Premiers ministres. Il quitte son bureau et descend sur le terrain. Investi de la grande mission de mettre en pratique sur le terrain le programme du président de la République, Sellal n’a pas rechigné ni tergiversé face aux multiples embûches. Bien plus, il innove par ses sorties sur le terrain en prenant langue directement avec les citoyens. L’obligation de multiplier les prises de parole et de diversifier les canaux de communication. De 2012 à 2014, il a dû faire la tournée des 48 wilayas. Il dialogue, rallonge les budgets quand la nécessité l’imposait, suit et inspecte les chantiers, affronte des situations inédites et dénoue des problèmes insolubles. Combien de tentatives de déstabilisation parfois commanditées de l’extérieur a-t-il déjouées?

Les graves événements de Ghardaïa, l’affaire du gaz de schiste à In Salah sans compter des milliers de marches, de grèves et de mouvements de protestation. Aux commandes, le Premier ministre a eu à affronter les «assauts des commanditaires du printemps arabe», sans compter les salves répétées des médias étrangers et think tanks téléguidés prédisant l’avenir le plus sombre à l’Algérie et la décrivant comme un amas de décombres. Un profond travail de sape pour mettre le moral national en berne. A cette tempête, le Premier ministre opposa une «zénétude» qui désarma les ennemis les plus farouches. Tendu vers un épuisant et constant renouvellement qu’exige son poste, cet apparent dilettante, est en réalité le plus sévère et le plus exigeannt des responsables. Affable, accessible et disponible certes, mais il est intransigeant quand il s’agit de défendre l’unité du pays. Mais il a aussi d’autres qualités qui forcent le respect.

Il jouit d’une grande expérience dans la gestion pour avoir été d’abord ministre de l’Intérieur, des Transports de la Jeunesse et des Sports, et des Ressources en eau. Sellal bénéficie d’un crédit moral auprès des populations, mais c’est surtout sa loyauté envers le président comme l’ont jamais été ses prédécesseurs, doublée d’une proximité qui font que Bouteflika l’a adoubé. C’est à lui dailleurs qu’il confia la présidence de sa campagne électorale à trois reprises: 2004, 2009 et 2014 et c’est lui qu’il charge de donner corps à la batterie de réformes annoncées lors du discours d’avril 2011: réforme de la loi électorale, loi sur les partis, les associations, une nouvelle loi sur la presse, la révision de la Constitution. En somme tout l’arsenal législatif sur lequel reposaient les règles de l’exercice démocratique et le libre choix des citoyens a été révisé.