Il se partagent des milliards de dollars pour importer des produits inutiles, Le « miel » des intouchables

Il se partagent des milliards de dollars pour importer des produits inutiles, Le « miel » des intouchables
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L’Algérie est devenue un véritable bazar

L’importation tourne à plein régime et le lobby des importateurs, fort de ses 300.000 membres, se partage des dizaines de milliards de dollars.

Comment vendre des esquimaux au pôle Nord? C’est à peu près la même rude tâche qui attend ce matin les conférenciers à l’hôtel El Aurassi, lesquels vont se pencher sur l’épineuse question des exportations algériennes. Mais de quelles exportations parle-ton pour un pays comme l’Algérie qui demeure un acteur marginal du commerce international? Il fallait plutôt parler d’importations algériennes, des moyens de contingenter ou de juguler ces importations. Devenue un véritable bazar, l’Algérie consacre depuis ces trois dernières années bon an mal an 60 milliards de dollars à l’importation de produits alimentaires de base, soit le quart de ses recettes tirées des hydrocarbures. Au début de l’année en cours, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a juré de réduire ces importations dont le volume a triplé en 10 ans en annonçant un durcissement du contrôle sur le commerce extérieur. Où en sont les choses? Au point mort puisque depuis, la situation a stagné pour ne pas dire qu’elle a empiré. En tout cas l’importation tourne à plein régime et le lobby des importateurs ne se plaint pas. Ils sont près de 300.000 importateurs à se partager des dizaines de milliards de dollars ce qui fait d’eux de redoutables groupes de pression capables d’influer sur des décisions politiques.

Un puissant réseau d’intérêts et parfois même de pillage quand on voit la qualité des produits importés avec des devises algériennes sonnantes et trébuchantes. Les chiffres rendus publics par les douanes algériennes sont révoltants: en 2014, l’Algérie a importé plus de 6 milliards de dollars de produits alimentaires et agricoles. Près de 50% de ses lubrifiants ainsi qu’une bonne partie de ses besoins en bitume et en polymères. Durant la même année, l’Algérie a déboursé 17 millions de dollars pour importer des oranges, 20 millions de dollars pour importer des abats congelés, 25 millions de dollars pour les fleurs. Selon des chiffres avancés par le Centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (Cnis), l’Algérie durant les 11 premiers mois de l’année 2014, a importé 44.000 dollars de dattes et 28.000 dollars de couscous. Oui, des dattes et du couscous! Notre pays a dépensé pas moins de 120 millions de dollars pour importer des pastèques, melons, citrons et raisins

LG Algérie

. Comment des préposés au commerce extérieur acceptent-ils une dérive pareille? Que dire de l’importation des véhicules? Une véritable hémorragie, près de 6 milliards de dollars et pour quels résultats: la multiplication des accidents de la route dus en partie à la quincaillerie que ces concessionnaires nous fourguent. Pour le reste, on n’a pas vu de formation de mécaniciens, d’électriciens ou de tôliers. Le médicament lui aussi fait saliver: deux milliards de dollars d’importations par an. Sans contrôle, ils agissent à leur guise, en totale décalage avec les besoins du marché. Ils importent en fonction de leur marge bénéficiaire. Tous les indicateurs font savoir que l’Algérie n’a pas besoin de cette facture pour satisfaire à sa demande en médicaments. Mais il s’agit du «miel» des intouchables. N’a-t-on pas vu la construction d’une usine de fabrication d’insuline bloquée durant des années rien que par le désir de ce lobby? A ce stade de la gabegie, il faut invoquer le patriotisme économique. Voilà un pays en pleine période d’austérité et qui s’offre le luxe de jeter par la fenêtre des milliards de dollars en s’adonnant à l’importation des produits alimentaires qu’il peut aisément fabriquer ou parfois même qui existent en quantité sur le marché national! Comment expliquer que le plus grand pays d’Afrique ne soit pas capable d’assurer sa subsistance. Ce ne sont ni les moyens ni les terre fertiles qui manquent. Un véritable gisement agricole capable de nourrir et le pays et l’étranger est laissé en jachère. Soumise au prix du baril, l’Algérie joue avec son avenir comme à la roulette russe. Un vrai scénario catastrophe: un endettement de plus de 60 milliards de dollars en 2020 et des réserves de changes épuisées en 2025. Or, dans 10 ans, l’actuelle poussée démographique garantit une explosion de la demande sociale. À ce moment-là, la population dépassera les 50 millions d’habitants et 70% d’entre eux seront en âge de travailler. Durs seront les lendemains pour notre pays.