Il se dit «impressionné» par les réformes de Bouteflika : Claude Guéant sert la petite soupe aux Algériens

Il se dit «impressionné» par les réformes de Bouteflika : Claude Guéant sert la petite soupe aux Algériens

Heureusement que Claude Guéant était là pour dire du bien des réformes politiques du président Bouteflika. En déplacement à Alger dimanche 4 décembre, le ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant, a tressé des lauriers aux réformes engagées par le chef de l’Etat algérien. Claude Guéant qui a évoqué un « supplément de démocratie en Algérie » s’est dit « impressionné » par les réformes politiques en Algérie. Il doit être le seul à le dire.

Briefé au cours de la journée par son homologué algérien, Dahou Ould Kablia, Claude Guéant s’est lâché : « J’ai été très impressionné par la description que m’a faite M. Ould Kablia de tous les textes qui ont été soit déjà adoptés, soit présentés au Parlement, afin de donner un supplément de démocratie à l’Algérie. C’est profondément encourageant », explique-t-il lors de la conférence de presse conjointe tenue à Alger.

Traité d’amitié enterré par Sarkozy

Evoquant le traité d’amitié entre l’Algérie et la France, initié sous l’ancien président Jacques Chirac et enterré sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant s’est prononcé pour « un partenariat d’exception » avec la possibilité de fixer un « certain nombre d’objectifs supplémentaires » à la coopération franco-algérienne.

« Nous pouvons améliorer encore cette coopération. Une rencontre telle que celle que nous venons d’avoir permet aussi davantage de compréhension entre les gouvernements et, par conséquent, entre les deux pays », a souligné le ministre français.

Discours convenus

Les responsables français, quand ils sont en visite en Algérie, ont cette grande faculté de servir un discours convenu, parfois flatteur, qui plait tant aux dirigeants algériens.

Avant Guéant, il y a eu Raffarin.

En visite à Alger le février 2011, l’ancien Premier ministre et envoyé spécial de Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Raffarin, n’a pas manqué lui aussi de dire du bien des réformes du président algérien avant même qu’elles ne soient annoncées en Conseil des ministres.

« Il a pris une certaine distance vis-à-vis de tout ça, mais il m’a annoncé qu’il faisait un Conseil des ministres et qu’il allait annoncer des initiatives d’ampleur, mais dont je ne connais pas le contenu, mais je pense qu’il va y avoir des mouvements importants dans les jours qui viennent, expliquait Raffarin à la radio Europe 1 mardi 22 février. Des mesures sociales, un plan de PME et un certain nombre d’initiatives pour répondre à ce qui est cette aspiration fondamentale des peuples aujourd’hui qui est l’aspiration sociale…»

Des initiatives d’ampleur, des réformes qui impressionnent, les officiels français doivent être les seuls, sinon les rares, à le dire.

Réformes escamotées

Ces réformes politiques, adoptés en Conseil des ministres présentées à l’assemblée nationale, ont pourtant été escamotées et vidées de leur substance par les députés même de l’alliance présidentielle.

Les principaux amendements concernant la démission des ministres qui se porteraient candidats à la députation 3 mois avant le scrutin, le nomadisme politique des élus ainsi que la représentation des femmes aux assemblées élues ont été tout simplement refusés et retoqués par les députés.

Cette défiance vis-à-vis du chef de l’Etat a même poussé ses conseillers ainsi que des sources « bien informées » à monter au créneau pour expliquer, via des articles de presse, que ces réformes ne sont pas celles de Bouteflika.

Ces conseillers et ces sources nous expliquent doctement que le président n’est pas content de l’issue réservée à ces réformes, qu’il entend demander une seconde lecture des textes, qu’il pourrait légiférer par ordonnance, voire même dissoudre l’actuelle assemblée.

Bref, tout et n’importe quoi pour dédouaner le président Bouteflika !

Heureusement que Claude Guéant, de passage à Alger, a dit tout le bien qu’il pense de ces réformes.

Photo : La Une de Libération du 29 novembre 2011