Mohamed VI, roi du Maroc, sollicite la coopération de l’Algérie pour la construction d’un «Maghreb nouveau». Dans son discours de dimanche dernier, Mohamed VI invite l’Algérie à la mise en œuvre d’un Maghreb qu’il décrit sous forme de pôle régional capable
de «transcender l’enfermement dans des postures figées pour s’ériger en tant que véritable moteur de l’unité arabe, un partenaire agissant de la coopération euro-méditerranéenne, un facteur de stabilisation et de sécurisation de la zone sahélo-saharienne, et un acteur structurant de l’intégration africaine».
C’est par cette perspective, indique Mohamed VI, que «le Maroc réitère sa disposition à tout mettre en œuvre avec l’«Algérie sœur» dans le cadre d’une dynamique constructive». Toutefois, une telle demande visant à lancer les nouveaux jalons de la coopération algéro-marocaine exprimée par le roi du Maroc semble manquer de crédibilité.
En vérité, les propos du souverain ne trouvent leur logique que dans le sillage de discours de circonstance. Et pour cause, avant d’inviter l’Algérie à la construction d’un «nouveau Maghreb», le roi du Maroc a intégré dans son discours des positions connues mais contestées et rejetées. Parmi ces dernières, celle de son passage où il évoque les conditions dans lesquelles vivent les populations de la République du Sahara occidental (RASD) réfugiées dans les camps de Tindouf.
«Nos compatriotes dans les camps de Tindouf continuent de subir, dans une zone isolée et assiégée, les pires formes de privation, de répression, d’humiliation et de déni de leurs libertés et autres droits fondamentaux légitimes», a-t-il dit. Une telle déclaration ne peut être assimilée qu’à une véritable méconnaissance des conditions dans lesquelles vivent les réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf
Grotesque manipulation de l’opinion internationale
Au pire, pareille déclaration ne peut être définie qu’en termes de grotesque et scandaleuse manipulation de l’opinion locale et internationale. Une de plus où excelle le souverain marocain, devenu spécialiste de la désinformation en ce qui concerne ce conflit. En évoquant les réfugiés sahraouis à Tindouf, région algérienne, le roi du Maroc s’est quelque peu enlisé dans une forme d’ingérence au détriment de la tradition diplomatique et du cadre requis dans ce genre de discours à la nation.
La deuxième consiste à rappeler que les populations sahraouies ont choisi de se réfugier à Tindouf pour fuir la répression forcenée que le régime marocain continue d’imposer au peuple du Sahara occidental. Le souverain marocain n’a pas soufflé mot sur l’enlèvement de trois humanitaires européens perpétré justement dans les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf.
On retiendra que Mohamed VI reste attaché à la marocanisation du Sahara occidental, en soutenant que «le Sahara marocain sera un véritable modèle de régionalisation avancée». Ce qui s’inscrit a contrario non seulement de la légalité internationale mise en vigueur dans ce domaine mais aussi de cette revendication légitime du Front Polisario qui aspire à se débarrasser du joug de la colonisation marocaine.
Par Karim Aoudia