Se sentant probablement minoritaire face aux partisans de la participation au gouvernement au sein des instances du parti, Makri étale ses positions personnelles sur la place publique et prend l’opinion à témoin.
Dans une tribune publiée sur sa page Facebook et sur le site du parti, le président du MSP s’est livré à une docte analyse pour justifier son refus de répondre positivement à l’offre faite par Sellal à son parti pour participer au gouvernement. «Le MSP ne veut pas prendre un train qui se dirige vers l’inconnu. On n’est pas contre la participation au gouvernement, mais on ne veut pas prendre un train qui jusque-là s’est trompé de direction et qui compte se diriger encore dans la mauvaise direction», a-t-il écrit en précisant que seul un gouvernement légitime et qui place les intérêts de l’Algérie au-dessus de toute autre considération pourra l’intéresser.
Auparavant, il a même menacé de quitter la présidence du parti si jamais le conseil consultatif décidait de participer au gouvernement. Signe de panique? Tout porte à le croire même si, subtilement, il essaie de convaincre les responsables du parti que les enjeux sont beaucoup plus profonds qu’ils ne le pensent. «Il nous faut remercier ceux qui nous ont proposé de participer au gouvernement, y compris ceux qui l’ont fait pour des considérations tactiques. Mais ceux auxquels s’adresse mon texte, ce sont ceux-là qui dessinent les stratégies d’avenir pour l’Algérie sans que les gens ne les voient, ceux-là qui insistent tant pour nous faire entrer au gouvernement, y compris en recourant à des méthodes peu politiques et peu nobles. L’objectif de ces gens n’est pas de servir les intérêts de l’Algérie, mais d’avoir un contrôle sur son avenir comme ils ont toujours eu un contrôle sur son passé et qui contrôlent aujourd’hui son présent afin de servir des desseins de pouvoir et d’intérêt et, partant, idéologiques», a-t-il affirmé sans citer de nom.
En effet, selon Abderrezak Makri, les gens qu’il évoque et qu’on appelle communément «les décideurs», «savent que l’Algérie va entrer dans une crise économique et sociale qui va générer d’énormes troubles sociaux et désillusions» et, à cet effet, ils entendent avoir le plein contrôle sur cette situation. «Il est connu que ceux qui paient la facture dans des situations de crise sont naturellement les partis qui représentent la façade du pouvoir. Ce qui intéresse ces gens-là, ce n’est pas la façon d’éviter la crise, mais qui dirigera l’Algérie?», a-t-il asséné avant de souligner que «les puissances occidentales ne veulent pas que les forces politiques qui agissent pour l’intérêt du pays prennent le pouvoir comme cela s’est produit en Grèce, au Venezuela, en Turquie», et que «leur unique objectif est de mettre main basse sur les pays, quitte à les fragmenter».
Et Abderrezak Makri d’expliquer: «Pour continuer à dominer, les forces dominantes à l’échelle nationale et internationale préfèrent, dans le cas où elles n’arrivent pas à construire leur propre alternative, que celle qui se présente soit extrémiste ou échoue ou carrément qu’elle se présente sous une forme monstrueuse qui fait peur aux partisans du changement et les pousse à se complaire dans l’ancien ordre». Abderrezak Makri est convaincu que «les décideurs» savent que la prochaine crise qui soufflera sur le pays emportera avec elle «les partis traditionnels» et que ces mêmes «décideurs» ne veulent pas que «le MSP se positionne en alternative face à la crise».
«Ils ne veulent pas que le MSP soit une alternative et prenne le pouvoir non pas parce que c’est un parti islamiste comme ils disent, mais parce que c’est un parti national soucieux des intérêts de l’Algérie et non assujetti au système impérialiste mondial et aux réseaux de corruption au niveau national», a-t-il ajouté en précisant que «pour eux, le MSP, au même titre que les partis de l’Alliance, doit subir une banqueroute» pour que la société reste sans alternative et, par conséquent, sera prête à accepter celle qu’on lui «fabriquera» sur mesure en cas de besoin. Autrement dit, «le MSP serait, selon Abderrezak Makri, sollicité pour faire partie du gouvernement pour être cassé et décrédibilisé parce qu’il représente l’unique alternative nationale dans la situation actuelle du pays».
Dans ce sens, Makri écrit sans ambages, et avec beaucoup d’optimisme, que «le MSP est devenu la seule alternatives nationale sérieuse au système actuel et est le seul parti en mesure d’atteindre une majorité parlementaire dans les tout prochains temps». En effet, selon son président, le MSP serait la première force politique du pays sans la fraude» et ceci est dû à ses efforts.
«Notre mouvement a pu sortir indemne d’une guerre qui a duré plus de quatre ans qui visait à l’effacer, l’affaiblir, à le transformer en un simple objet de décor dans le paysage politique national ou à en faire une agence de recrutement rattachée au pouvoir. Aujourd’hui, même avec la fraude, nous sommes la troisième force politique du pays et l’offre faite par Sellal pour participer au gouvernement est révélatrice de notre force», a-t-il indiqué. Mais pourquoi Makri s’exprime-t-il aussi abondamment sur la question de participation ou non du MSP au gouvernement et en son nom personnel?
Pourquoi n’attend-il pas le verdict du conseil consultatif du parti? Décidément, le président du MSP, connu pour la constance de ses positions, est dans de mauvais draps. Se sentant probablement minoritaire face aux partisans de la participation au gouvernement au sein des instances du parti, il essaie soit de rallier les militants et cadres du parti à sa position à travers un travail de marketing politique, soit, et c’est un signe de grande panique, de prendre l’opinion publique à témoin. Dans les deux cas, un chose sonne comme une évidence: Abderrezak Makri est acculé dans ses derniers retranchements et il n’est pas exclu qu’il soit contraint à quitter la présidence du parti.