Devant l’exigence de la Cédéao de désarmer les rebelles avant tout processus de négociation avec les autorités maliennes, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) veut l’ouverture d’un dialogue sans conditions avec Bamako.
Lors de leur réunion au “sommet” dans la capitale politique ivoirienne Yamoussoukro, le 28 février dernier, les dirigeants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avaient affirmé que le dialogue inter-malien passait par le “désarmement de tous les groupes armés, notamment le MNLA”. Réagissant à cette annonce, la rébellion touareg du MNLA a refusé samedi de désarmer avant toute négociation avec les autorités maliennes, et a réclamé l’envoi d’une mission de paix de l’ONU dans le pays. En effet, son secrétaire général Bilal Ag Achérif a rejeté dans un communiqué signé “catégoriquement toute déclaration faisant de son désarmement un préalable à sa participation au processus de négociation”. En outre, le MNLA a lancé “un appel pressant” à l’ONU pour “accélérer” le déploiement d’une force de maintien de la paix, qui selon lui devrait sécuriser le Nord malien jusqu’à ce qu’une solution politique soit trouvée entre les deux parties. Affirmant protéger les habitants du nord du Mali contre “les crimes massifs et les multiples exactions” de l’armée malienne, le MNLA a appelé la Cédéao et la communauté internationale à “exercer des pressions” sur Bamako en vue de l’ouverture d’un “dialogue”.
La Misma (Mission internationale de soutien au Mali), la force africaine déployée dans le pays est censée prendre à terme le relais des troupes françaises combattant depuis janvier les groupes jihadistes qui occupaient tout le nord du Mali depuis l’an dernier. Elle pourrait être transformée dans quelques mois en une mission de paix des Nations unies. Ceci étant, les autorités maliennes de transition ont annoncé cette semaine la création d’une Commission dialogue et réconciliation (CDR), qui devra notamment œuvrer pour rapprocher les différentes communautés, dont les Arabes et Touareg souvent vus par les populations noires comme des soutiens des islamistes. Le MNLA, rébellion touareg laïque qui a renoncé à sa revendication d’indépendance du Nord malien, avait combattu aux côtés des groupes islamistes contre l’armée malienne en 2012, avant d’être évincé dans la région par ses ex-alliés. Par ailleurs, l’avenir politique du Mali, dirigé par un pouvoir de transition depuis près d’un an, reste incertain malgré la promesse d’élections en juillet, un objectif qui semble difficile à atteindre, le nord du pays occupé en 2012 par des islamistes restant encore en partie à sécuriser. “Il y a une demande nationale et internationale d’élections le plus rapidement possible pour remplacer un régime de transition pas très efficace, car une vraie sortie de crise ne peut être conduite que par un pouvoir légitime”, observe Gilles Yabi, chargé de l’Afrique de l’Ouest à International Crisis Group (ICG). Mais “juillet, c’est très optimiste, très difficile à tenir et pas souhaitable”, vu l’ampleur des défis, explique-t-il à l’AFP. Des élections générales devaient se tenir dans un délai d’un an après la mise en place de la transition. Mais la situation a été bouleversée par la prise de contrôle progressive, dès avril 2012, du nord du pays par des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda. Il faut que les élections “se tiennent dans le mois de juillet, du moins l’élection présidentielle”, a exhorté samedi à Ouagadougou le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
M T