Par Hammadi Souhila
Le coût global de la prise en charge du diabète avoisine les 640 milliards de dinars, soit 26,6% des dépenses en produits pharmaceutiques remboursés.
Le directeur de Novo Nordisk Maghreb, Jean-Paul Digy, s’est montré très clair, hier, en conférence de presse. “Si notre médicament n’est pas remboursé par la Sécurité sociale, nous cesserons d’investir en Algérie.” Il parlait du seul analogue du GLP-1, une nouvelle classe d’antidiabétiques, alternative à l’insuline (diabète de type 2), ayant obtenu l’AMM (autorisation de mise sur le marché national) sans être inclus dans la nomenclature des produits pharmaceutiques remboursables. “Nous nous engageons à produire ce traitement localement s’il est pris en charge par la Sécurité sociale”, a promis le responsable du groupe pharmaceutique danois, estimant illogique de continuer à consentir de gros investissements dans le pays sans pouvoir faire aussi des bénéfices.
Son plaidoyer est conforté par le président de la Société de diabétologie, le Pr Mourad Semrouni, qui a affirmé que le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale s’entête à contredire les praticiens spécialisés en matière de service médical rendu de tel ou tel traitement. “Depuis dix ans, aucune innovation thérapeutique n’a été introduite dans le pays pour les diabétiques”, a-t-il regretté.
Pourtant cette maladie est classée 3e cause de mortalité prématurée. Il a indiqué que 12,2% de la population générale sont des diabétiques. Sur ce nombre, 10% des patients atteignent les objectifs thérapeutiques et uniquement 5% vivent sans complications. Moralité, un diabétique en Algérie perd, dès 40 ans, presque 23 ans d’espérance de vie.
En 2016, le pays a compté près de 28 000 décès des suites de complications de cette pathologie, soit les AVC, la néphropathie, les atteintes cardiaques et l’hypertension artérielle.
Le Dr Yacine Sellam, président de la Société algérienne des affaires réglementaires et de la pharmacoéconomie, a rapporté que la valeur globale de la prise en charge du diabète (coût direct, indirect et intangible) avoisine les 640 milliards de dinars par an. Ce qui représente 26,6% des dépenses totales sur le remboursement des produits pharmaceutiques. En clair, un patient mis sous insuline coûte entre 45 000 et 60 000 DA par mois, alors que le malade traité par des antidiabétiques oraux revient entre 7 000 et 10 000 DA pendant la même période. “Si l’on considère l’approche pharmacoéconomique, il sera plus rentable de recourir à des traitements plus efficaces et peut-être plus chers à l’unité, mais qui réduisent la dépense par patient guéri”, a-t-il développé.
Le professeur Semrouni a corroboré l’argumentaire en se fondant sur le consensus international sur la gestion de l’hyperglycémie chez les patients atteints de diabète de type 2, rendu public le 5 octobre dernier, à Berlin, par les associations américaine et européenne. C’est une sorte de feuille de route sur les nouvelles stratégies thérapeutiques à adopter par les praticiens spécialistes, qui favorise le recours à la classe des agonistes du GLP-1 en première intention.
Souhila H.