Après avoir déposé un préavis de grève illimitée, une bonne partie du personnel du consulat de France à Alger poursuit sa protestation pour le deuxième mois consécutif.
Ils réclament le payement de leurs salaires en euros, comme cela a été convenu dans les contrats qu’ils ont signés à leur recrutement.
Les agents français recrutés localement protestent contre le changement de payement de leurs salaires qui s’effectue, depuis quelques mois, en dinars algériens alors qu’ils percevaient pendant plusieurs années leurs salaires en euros, versés dans leurs comptes en France.
«Nous demandons que l’administration française maintienne et respecte nos contrats, signés pour certains il y a plus de dix ans et qui spécifiaient que nos salaires étaient versés en euros en France», ont affirmé ces agents dans une déclaration faite à l’AFP.
Cette grève, qui se radicalise après qu’elle ait été de deux jours par semaine, pénalise énormément les services du consulat de France. Ce dernier connaît d’énormes difficultés pour assurer tous les services aux citoyens français mais également aux demandeurs de visas.
«Ils sont 33 personnes à observer cette grève illimitée, ce qui représente 45% du personnel exerçant dans ces services», nous a déclaré Mme Loan Forgeron, conseillère presse et communication de l’ambassade de France. Elle a précisé que le consulat a pris des mesures pour répondre convenablement aux nombreuses demandes faites par les citoyens français et algériens.
«Mais ce n’est pas aussi facile que ça. Tous les demandeurs doivent patienter pour se voir délivrer un visa ou un autre document dans la mesure où nous répondons actuellement aux demandes d’extrême urgence», a-t-elle ajouté. Comme solution temporaire, «le consulat a dû faire travailler les expatriés qui font les bouchées doubles», a-t-elle encore ajouté.
Mme Loan Forgeron estime que cette grève est illégale. «Ce sont les recrutés locaux de nationalité française ou franco-algérienne qui observent cette grève.
Avant, ils étaient payés en euros contrairement aux Algériens recrutés dans ces mêmes services qui sont payés en dinars. La nouvelle réglementation de la banque algérienne a décidé de cesser cette discrimination en payant tout le monde avec la monnaie locale. C’est une réglementation qui a pour objectif d’imposer un contrôle de change plus rigoureux», a-t-elle encore souligné.
«Ces agents ont perdu les privilèges qu’ils tiraient des changes alors ils ont commencé à contester cette nouvelle décision», a-t-elle encore ajouté. Notre interlocutrice estime que le consulat ne peut rien faire dans ce genre de cas. «Nous sommes obligés de nous soumettre à la loi et à la réglementation en vigueur. Ce sont des agents recrutés localement, ce qui signifie qu’ils sont soumis à la réglementation algérienne et non française», dira-t-elle.
«Nous n’avons aucun moyen de négocier»
«C’est une attitude non réaliste, surtout que le consulat a procédé à des augmentations de salaires de l’ordre de 7,8% depuis juillet 2009, c’est-à-dire avant l’application de cette nouvelle réglementation.» Elle a affirmé que le ministre conseiller à l’ambassade de France à Alger a tenu plusieurs réunions avec le personnel gréviste pour leur expliquer la situation.
«Quatre réunions ont été tenues avant le mouvement de grève et deux autres depuis le début de la grève illimitée, mais ces efforts de dialogue sont restés vains», a-t-elle ajouté.
Qualifiant cette grève illimitée de «chantage», Mme Loan Forgeron dira que l’ambassade n’a aucun moyen de recours ou de négociation dans ce genre de situation. «Il est inconcevable d’aller au gouvernement et de dire que cette nouvelle loi n’arrange pas nos travailleurs. Je pense qu’on est en Algérie donc tenus de respecter la souveraineté de ce pays.»
N. B.