Il propose une conférence nationale et une éventuelle révision constitutionnelle: Des promesses appâts pour l’opposition

Il propose une conférence nationale et une éventuelle révision constitutionnelle: Des promesses appâts pour l’opposition

D’aucuns ne manqueront pas de se poser la question si cette conférence nationale version Bouteflika n’est au final qu’une simple promesse électoraliste, voire un attrape-nigaud, visant à rallier à sa cause l’opposition.

La pilule d’une candidature contestée d’un Président très démuni physiquement a besoin de quelques promesses alléchantes pour mieux passer auprès d’une opinion publique quelque peu réfractaire. C’est en tout cas ce qu’a fait l’actuel chef de l’État dans sa lettre de candidature publiée, hier, par l’agence officielle APS, en prenant l’engagement ferme de réaliser, durant la première année de son 5e mandat s’il venait à être réélu, deux chantiers politiques importants, une conférence nationale inclusive et, éventuellement, un enrichissement approfondi de la Constitution.

“Si vous m’honorez de votre confiance précieuse, le mois d’avril prochain, j’inviterai dès cette année toutes les forces politiques, économiques et sociales de la nation à une Conférence nationale consacrée à la concrétisation du consensus sur les réformes et les changements que notre pays devra engager en vue d’aller plus loin dans la construction de son devenir et de permettre à nos concitoyens de continuer à vivre ensemble, de mieux en mieux, dans la paix et la prospérité”, a-t-il promis. La mission de cette conférence nationale ? “Outre l’élaboration d’une plateforme politique, économique et sociale, la Conférence nationale pourra aussi proposer un enrichissement profond de la Constitution, dans le respect de ses dispositions relatives aux constantes nationales, à l’identité nationale et au caractère démocratique et républicain de l’État”, explique le candidat Bouteflika. Petit bémol : les délibérations de la conférence ne déboucheront pas sur des décisions exécutoires, mais plutôt sur des propositions qui seront soumises au prochain Président “pour leur concrétisation par les voies appropriées”.

Remarque : le qualificatif d’“inclusive” associé par l’agence APS à cette conférence nationale ne figure point dans la lettre du candidat Bouteflika même s’il a tenu à faire part de son “intention sincère d’associer toutes les forces nationales, politiques, économiques, associatives et syndicales à la poursuite de la construction de notre démocratie”. Il reste que cette proposition de conférence nationale, au demeurant mise sur la table par Amar Ghoul début décembre 2018, ressemble à un air de déjà vu avec la fameuse rencontre de Mazafran, en juin 2015, organisée par la fameuse CNDC et à laquelle ont pris part des acteurs de différents courants politiques, y compris des figures de l’ex-FIS.

Par certains aspects, la proposition de Bouteflika ressemble aussi à la revendication fort galvaudée d’une Assemblée constituante portée, des années durant, par le Front des forces socialistes (FFS) et le Parti des travailleurs (PT) et que le constitutionnaliste Khalfa Maameri a définie comme étant “une assemblée nationale qui a pour rôle principal d’élaborer une Constitution”. Sauf que la conférence de Bouteflika n’a de prérogative que celle de débattre des problèmes du pays et, éventuellement, de proposer un “enrichissement profond de la Constitution” qui, faut-il sans doute le souligner, a connu trois toilettages (2002, 2008 et 2016), en 20 ans de règne. En tout cas, il  n’est mentionné nulle part que le Président se doit de prendre en compte ses propositions.

Du coup, d’aucuns ne manqueront pas de se demander si cette conférence nationale version Bouteflika n’est, au final, qu’une simple promesse électoraliste, voire un attrape-nigaud, visant à rallier à sa cause l’opposition en faisant mine de prendre en compte ses revendications et de l’associer à la gestion du pays. Ne voulait-il pas aussi se servir de l’opposition pour faire passer ses propres projets politiques comme celui d’instituer une disposition constitutionnelle introduisant le poste de vice-président ? Une chose est sûre, les contours de cette proposition de conférence nationale sont quelque peu flous et l’opposition risque de subir bien des désillusions si elle mord à l’appât.

Arab Chih