Sa sortie constitue en soi un événement politique majeur, car depuis le dernier Conseil des ministres, au lendemain de son retour des “Invalides”, toutes ses audiences se sont déroulées loin des ors d’El-Mouradia.
Le président Bouteflika devrait se montrer aujourd’hui, pour présider un Conseil des ministres (CM), le second durant toute l’année 2013, afin de signer — et c’est obligatoire — la loi de finances 2014.
D’autres projets de loi sont au programme de ce CM : le passeport biométrique, l’aviation civile, les ressources biologiques et les mutuelles sociales. Comme le veut la tradition, le président Bouteflika devrait apposer son paraphe sur la loi de finances avant de prendre une photo de famille avec le staff gouvernemental. Une occasion pour montrer qu’il est là, qu’il décide toujours, pour peu que le montage télé ne vire pas à la nord-coréenne et que Canal+ n’obtienne pas le produit brut. Généralement, le Conseil des ministres et la cérémonie de signature de la loi de finances se déroulent au Palais d’El-Mouradia. Et pour l’occasion, le chef de l’État y fera le déplacement, protocole oblige. Outre les projets cités plus haut, le projet de révision constitutionnel fera-t-il partie du menu ? Amar Saâdani, qui crie sur tous les toits que la révision de la Constitution se fera avant l’élection présidentielle, aura-t-il raison ? Le projet sera-t-il validé ce lundi en Conseil des ministres ? Même les membres du gouvernement l’ignorent.
Toujours est-il que, dès son retour de France, où il se faisait soigner à la suite de son AVC, sa seule activité, plus ou moins tangible, telle que montrée par la télé, fut le Conseil des ministres, le seul tenu depuis le début de l’année 2013. Hormis quelques audiences accordées au Premier ministre et au vice-ministre de la Défense, et quelques invités étrangers, le président Bouteflika reste loin des feux de la rampe, même si ses partisans ne ratent aucune occasion pour parler de lui. Durant le mois de décembre, pourtant, il avait multiplié ses audiences, recevant, coup sur coup, le vice-ministre de la Défense, les chefs de la diplomatie chinoise et qatarie et le Premier ministre français. Mais cela reste loin de rassurer sur son état de santé.
Alors que certains de ses proches annoncent depuis plusieurs semaines que le Président se rétablit et qu’il allait bientôt reprendre ses activités quasi normales, sa longue absence laisse planer le doute sur ses capacités physiques à mener à terme son mandat actuel. D’où la perpétuelle question au sujet de sa candidature pour un quatrième mandat. Amar Saâdani, lui, ne se pose pas ce genre de question et fonce tout droit, parfois en tirant sur tout ce qui bouge, y compris ses ex-alliés. Pour le patron imposé à la tête du FLN, la question de la candidature serait déjà tranchée et l’on voit mal comment Saâdani réagirait au cas où le président Bouteflika venait à renoncer à un quatrième mandat.
On ne donne plus de bulletins de santé du Président et on considère, par voie de conséquence, qu’il est apte à exercer sa fonction. Et ce n’est pas le Conseil constitutionnel, dirigé par un proche du président, qui irait poser des questions sur ce sujet.
Absent lors des festivités du 5 Juillet et du 1er Novembre, ainsi que des fêtes religieuses, le président Bouteflika se contente du strict minimum, à partir de son lieu de convalescence. Et si les choses continuent ainsi, on voit mal comment ses partisans pourraient l’amener à postuler pour un quatrième mandat, ni comment pourrait-il mener une campagne électorale.
A. B