Il faut abolir totalement la peine d’emprisonnement pour les jeunes qui tentent de fuir clandestinement le pays. C’est ce qu’a déclaré hier le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme(Cncppdh), Farouk Ksentini sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, appelant pour autant à trouver une solution plutôt sociale à ces jeunes désespérés.
Selon Farouk Ksentini ces jeunes harraga sont poussés par des raisons économiques et expriment du coup une mal-vie, d’où l’urgence de trouver des solutions tangibles afin de réduire considérablement ce phénomène.
De ce fait, il estime qu’il est inconcevable de continuer à emprisonner ces jeunes harraga et qu’il est grand temps de la supprimer totalement. Abordant les réformes politiques engagées par la président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans son rapport sur les droits de l’homme de l’année en cours qu’il compte remettre bientôt, Farouk Ksentini a, en outre, souligné que les premiers concernés n’ont pas été suffisamment consultés. À ce titre, il cita les journalistes et les avocats.
Selon lui, ces deux professionnels ne peuvent pas exercer facilement leur métier à l’ombre de la nouvelle législation qui va régir leurs fonctions. Les réserves émises par les journalistes et les avocats, parmi d’autres, ne sont pour lui que des lacunes qui démontrent que les droits de l’homme sont encore une fois bafoués dans certains secteurs qui sont censés participer à la construction d’un État de droit.
Quant à la qualité de la justice, l’intervenant a fait savoir que les magistrats et les avocats ont besoin d’une formation longue et spécifique afin d’améliorer leur niveau de réflexion et d’intuition dans le traitement des affaires compliquées. Selon lui, l’inflation judiciaire renforce le besoin à cette mise à niveau. Autrement dit, la multiplication des recours démontre qu’il y a un dysfonctionnement à pallier grâce à la formation continue des professionnels en rapport direct avec le garde des Sceaux.
Toutefois, le président de la Cncppdh a reconnu son incapacité d’aboutir à l’abolition de la peine de mort ou encore la détention préventive qui suscite actuellement un grand débat par les experts. Mais, il se dit optimiste quant à l’aboutissement proche de ces revendications. D’après lui, l’abolition de la peine de mort est inéluctable, et ce, en dépit des résistances. S’agissant des droits sociaux, l’interlocuteur a exprimé ses craintes quant au retard qu’a connu la construction des logements.
Pour lui, il est inconcevable qu’un citoyen puisse attendre des années pour bénéficier d’un logement décent. Par ailleurs, la Cncppdh, qui appartient au sérail, a appelé à une collaboration avec les autres ligues autonomes. Toutefois, son président estime qu’elles ne jouissent pas d’un statut d’agence de notation. Les trois A que ces Ligues donnent et retirent selon les évènements qui secouent, de temps en temps, le pays ne sont pas des références.
À titre d’exemple, les Ligues autonomes estiment que la levée de l’état d’urgence n’a pas consacré plus de démocratie et de liberté, chose non partagée par le président de la Cncppdh. À cet égard, Farouk Ksentini estime qu’«une certaine presse algérienne est trop négationniste, d’où l’intérêt d’opter pour un juste milieu.» Pour preuve, ajoute-t-il, certains organes ont boudé la grâce accordée en 2001 aux 100 condamnés à mort, par le biais d’un décret présidentiel.
Fawzi Khemili
