«La primauté du politique est celle qui se construit sur des pouvoirs et des contre-pouvoirs organisant de fait les rapports entre les deux parties.»
Le Front des forces socialistes (FFS) n’exclut pas l’éventualité de se retirer même à la veille de l’élection législative du 10 mai prochain. «En cas de constatation de fraude, le FFS n’hésitera pas à se séparer de la future joute électorale», a déclaré à l’Expression le Dr Rachid Hallat, membre du comité d’éthique du FFS.
Selon lui, cette participation s’inscrit en droite ligne de la stratégie du FFS dans la construction pacifique de l’alternative démocratique au régime autoritaire et corrompu. Mais aussi, explique-t-il, cette participation est une stratégie tactique, purement politique, portant sur la remise en mouvement du parti, mais surtout de la société. «C’est là l’objectif et le but de notre décision à prendre part au prochain scrutin législatif», a-t-il précisé.
Cette position renseigne à cet effet que le vieux parti d’opposition pourrait à l’évidence refaire son scénario de 1999, en se retirant à la veille de l’élection présidentielle à la suite de la fraude constatée, d’autant plus qu’il fait savoir que sa participation obéit à une stratégie tactique arrêtée par le parti. Cette stratégie soutient également que les positions politiques du FFS demeurent intransigeantes et continuent à diverger avec celles du pouvoir, en considérant que la primauté du politique est celle qui se construit sur des pouvoirs et des contre-pouvoirs organisant de fait les rapports entre les deux parties. Les constats du Dr Rachid Hallat viennent ainsi soutenir ceux du président du FFS, Hocine Aït Ahmed, affirmant que «la participation du FFS aux futures élections n’est ni un reniement, ni une reddition, ni une capitulation. Mais, il s’agit d’un choix souverain et une nécessité tactique». De son côté, Ali Laskri, secrétaire général du FFS, a souligné que sa formation s’est désormais remise sur le chemin de la reconstruction, sans cesse recommencée, du lien politique au sein de son parti et avec ses partenaires. Qualifiant le système de mourant, il dira que «même si ce le système est à l’agonie, néanmoins sa mort risque d’être longue, par le recours au verrouillage et à l’oppression». Le régime a pu, a-t-il soutenu, maintenir sous l’étouffoir toutes les revendications d’une société, condamnée dans sa majorité à une paupérisation immédiate ou à terme. Catégorique, il fait remarquer que le peuple a besoin aujourd’hui de nouveaux contrats politique, économique et social lui permettant d’initier et conduire un changement radical et pacifique. Dans le même contexte, il a noté que «maintenant que la décision du conseil national est prise, nous allons nous concerter et dégager ensemble la stratégie et les moyens à mettre en oeuvre pour les étapes suivantes». Mettant en évidence le fossé séparant les visions politiques de son parti et celles du pouvoir, il paraphrase Hocine Aït Ahmed, en précisant enfin: «Notre conception du contrat politique n’est pas la même que la leur (pouvoir et ses relais)».

Abordant le changement tant réclamé par le peuple, le secrétaire général du FFS a fait remarquer que le peuple veut changer. Mais il veut un changement pacifique parce que, a-t-il expliqué, il connaît le prix exorbitant humain et politique d’un changement violent. Et de conclure: «Seul le changement pacifique peut donner une réalité et un avenir à un projet démocratique en Algérie.»