Entamé en janvier 2011 au plus fort du Printemps arabe, le rapprochement du plus vieux parti de l’opposition, le Front des forces socialistes (FFS), avec le pouvoir actuel s’affirme davantage. Le parti dirigé par Ahmed Bettatache croit qu’il y a de la place pour un consensus national entre les acteurs politiques du pouvoir et de l’opposition.
“Il y a des éléments essentiels pouvant faire consensus dans les programmes et déclarations des partis politiques, du pouvoir comme de l’opposition, mais il faut que s’affirme une volonté politique. Il n’est pas difficile de tracer une feuille de route consensuelle avec un calendrier de mise en œuvre”, a affirmé Mohand Amokrane Cherifi, expert de l’ONU et chef du présidium du FFS, hier, à l’occasion d’une conférence sociale et économique, dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de la naissance du parti.
Mieux, il est allé jusqu’à tracer les principaux axes de cette feuille de route : définition d’un plan économique pour réduire la dépendance du pays vis-à-vis de l’étranger, consolidation de la présence de l’État dans les secteurs stratégiques, nécessité d’une transition énergétique et d’une diversification économique, décentralisation et autonomisation du pouvoir local de décision économique.
Avec quels partis le FFS partage-t-il ces aspirations ? L’homme de confiance de Hocine Aït Ahmed cite le FLN, le RND, le PT et le MPA, soit les quatre partis qui soutiennent le chef de l’État. Le rapprochement du FFS du pouvoir est plus que jamais affiché.
Mais s’il est facile de réaliser un consensus sur les problématiques économiques, il en va autrement des questions politiques où, de l’avis de
M. Cherifi, de nombreux obstacles se posent. La cause ? Les castes dirigeantes ne renoncent pas facilement à leurs intérêts et leurs privilèges, alors que la redistribution des richesses est nécessaire pour la stabilité du pays.
Or, la conviction de l’expert onusien est que le pays ne peut pas faire l’économie d’un changement de système politique. “Il est illusoire de croire qu’on peut réformer s’il n’y a pas les conditions politiques”, assène-t-il.
Se pose alors une question : “Comment peut-on évoluer pacifiquement d’un système à un autre dans le cadre d’un consensus national ?”
La solution, aux yeux de M. Cherifi, est de “construire un consensus politique pour une évolution qui se fera de manière pacifique assortie de garanties et d’un calendrier pour éviter les ruptures violentes qui menacent la souveraineté nationale”. Dupe de rien, il estime que “le chemin sera long et risqué pour réaliser une transition démocratique et un développement durable”. Et à M. Cherifi de positiver :“Je reste optimiste compte tenu du patriotisme du peuple algérien et des immenses potentialités humaines et matérielles du pays.”
L’invité de marque du parti, Mohamed-Seghir Babès, président du Cnes, a lui aussi parlé de la nécessité de bâtir un consensus et un rassemblement des forces nationales. Il n’a pas manqué de jeter au passage une fleur au FFS, un parti, selon lui, doté de “la capacité de dialogue et de compromis historique”.
A. C