Dans cet environnement favorable à l’informel, les entreprises légales qui évoluent dans un marché potentiellement riche meurent lentement.
L’informel est un phénomène qui ne touche pas uniquement les opérations commerciales ordinaires. Bien au contraire. Selon le directeur de l’AND (Agence nationale des déchets), ce dernier s’octroie, la part du lion sur le marché de la récupération. Avec approximativement 60% des quantités, l’informel constitue inéluctablement une concurrence déloyale, voire mortelle, pour les entreprises de récupération qui peinent déjà à s’installer dans un créneau en mal d’organisation.
Aussi, dans la wilaya de Tizi Ouzou, les quelques entreprises qui tentent contre vents et marées de survivre sont menacées par ces récupérateurs non déclarés. Et ils sont très nombreux avec des avantages que les entreprises légales ne possèdent pas. D’abord, il y a lieu de signaler que les récupérateurs anarchiques sont favorisés par les entreprises car ils proposent leurs produits récupérés à moindre prix. Il est vrai que ces derniers peuvent concurrencer en la matière n’étant pas concernés par les taxes d’une entreprise qui possède un registre du commerce. Puis, en plus de la possibilité d’écouler leurs produits sans difficulté relative aux prix, ces derniers ne sont pas tenus de signaler la traçabilité de leurs déchets, d’où le danger qu’ils représentent sur l’environnement.
Dans cet environnement favorable à l’informel, les entreprises légales qui évoluent dans un marché potentiellement riche meurent lentement. En effet, le marché des déchets dans la wilaya de Tizi Ouzou est estimé à environ deux milliards de dinars. Une richesse qui peut à terme faire émerger des entreprises leaders dans le domaine de la récupération. Mais hélas, jusqu’à présent, ce marché est dominé par des récupérateurs informels que l’Etat ne peut combattre sans un cadre juridique adapté aux nécessités du moment.

Comme solution, des experts universitaires préconisent plusieurs solutions. D’un côté, l’Etat doit combattre ces récupérateurs informels par la dissuasion, c’est-à-dire par l’implication effective des services de sécurité. Cette présence sur le terrain de la police et de la gendarmerie ne saurait être efficace sans l’organisation de ce créneau. La récupération des déchets est une affaire économique qui permet la création de richesse et d’une valeur ajoutée aux économies locales.
D’un autre côté, les entreprises sont appelées à collaborer avec le générateur lui-même, c’est-à-dire le citoyen. Une récupération organisée à la base par les collectivités locales pourrait aider à récupérer, selon ces experts, plus de 65% des déchets qui arrivent aux centres d’enfouissement technique.
Par ailleurs, notons que cette activité économique génératrice de richesse se concentre dans seulement 4% du territoire national car les déchets ne sont produits que dans cette proportion au Nord. Constituée autrefois de matières organiques, elle est aujourd’hui dominée par le carton et d’autres emballages comme le verre et le plastique. L’émancipation de ce créneau économique est d’autant plus bénéfique pour les populations qui y trouvent là des entreprises pourvoyeuses de postes d’emplois mais pas que.
Ce marché florissant signifie également que l’environnement est gagnant. Enfin, il est à signaler un point que les présents au forum de la radio Tizi Ouzou sur l’environnement n’ont pas mentionné, à savoir la participation des dispositifs d’aide à la création d’entreprises. Jusqu’à hier, les entreprises de collection créées à ce titre dans la wilaya ne trouvent pas acheteurs dans la même wilaya. Il faut transporter leurs produits jusqu’à Oran ou d’autres villes du pays où prospèrent des entreprises de récupération. L’Ansej, la Cnac et l’Agem de Tizi Ouzou ne peuvent-elles pas financer des entreprises de transformation?