Il parle d’“un moteur qui ne bouge pas, mais qui fait bouger” Soltani tacle Bouteflika

Il parle d’“un moteur qui ne bouge pas, mais qui fait bouger” Soltani tacle Bouteflika

Abou Djerra Soltani, qui a découvert les vertus de l’opposition depuis qu’il est lâché par le pouvoir, ne tarit plus de qualificatifs pour dénigrer les centres de décision. Désormais, le président du MSP s’en prend même au président Bouteflika, sans le nommer, qu’il a épargné habilement dans ses discours.

Dans son allocution prononcée hier à l’ouverture d’une rencontre nationale des élus du parti, Soltani a évoqué, en effet, un “moteur qui ne bouge pas, mais qui fait tout bouger autour de lui”. L’allusion est sans équivoque. Pour Soltani, le “déséquilibre économique et du développement, hors de la rente pétrolière, que connaît le pays, est la conséquence directe de la centralisation des décisions – à comprendre au seul niveau du président de la République — que ce soit pour la planification, l’orientation, les projets et programmes de développement, voire la centralisation des luttes”. Le chef du parti islamiste accuse les gouvernements qui se sont succédé (depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir) d’avoir tous œuvré à “absorber les mouvements de protestation par l’achat de la paix sociale avec la rente pétrolière”.

Aujourd’hui, enchaîne-t-il, le tour est venu pour les partis “actifs”, allusion au RND, au FLN, voire au FFS, de fabriquer, dit-il, le “printemps partisan” au lieu du “printemps algérien”. L’objectif de ces manœuvres partisanes, juge Soltani, est de “détourner l’opinion publique du véritable problème politique vers des luttes partisanes et, par ricochet, le transfert de la bataille du centre vers la périphérie”. Soltani estime ainsi que tout ce qui se trame actuellement en Algérie, entre tractations et redressements, n’est que le “début d’un jeu politique engagé par les décideurs pour éviter les expériences régionales, et préparer la présidentielle de 2014”. C’est pour cela, dit-il, que “nous vivons aujourd’hui les manœuvres de fabrication de la configuration de 2014”. Selon Soltani, les tractations actuelles ont pour objectif de “redresser la situation post-Alliance présidentielle par la création, avec de nouveaux acteurs qui pourraient éventuellement réussir le consensus national, de nouvelles alliances officielles temporaires”.

Auparavant, le chef du parti islamiste a soutenu que les assemblées élues de l’“Algérie profonde” ne constituent pas des “îlots isolés” des luttes centrales. Selon lui, l’“environnement politique” engendré par les réformes engagées par le président Bouteflika, dont les “résultats décevants” des différentes élections tenues en 2012, confirme trois réalités accablantes. Premièrement, dit-il, toutes ces élections ont démontré que le grand parti de l’Algérie est celui des… “boycotteurs et des abstentionnistes, des désespérés à voir le changement provoqué par les urnes, et de ceux qui refusent de participer”.

Ce “grand parti”, enchaîne-t-il, est suivi dans l’ordre par celui des “bulletins nuls”, puis le parti de la “majorité minoritaire”. La deuxième réalité confirmée par les résultats des législatives et des locales, voire des sénatoriales, selon Soltani, est liée à la “domination de l’argent politique sur la scène nationale” qui, a-t-il dit, a donné naissance au… “parti de la chekkara”.

L’autre réalité décriée par le président du MSP est celle liée aux luttes à la tête des partis politiques ayant réduit les problèmes politiques à des problèmes partisans.

F A