Il ont vécu le référendum de 1962,Ces vieux qui nous parlent des locales

Il ont vécu le référendum de 1962,Ces vieux qui nous parlent des locales

«Les élections locales sont faites pour choisir des hommes capables de gérer les villages»

Beaucoup d’élections se sont déroulées après l’Indépendance de l’Algérie.

L’on s’est intéressé à toutes les catégories d’électeurs sauf une: les vieux qui se souviennent du référendum sur l’autodétermination de juillet 1962. Comment voient-ils les élections qui se déroulent dans l’Algérie post-indépendance? Généralement, on les trouve dans des cafés ou sur les places publiques. Ils parlent des élections sans nervosité. Ils semblent ne pas être dupes, mais ils se gardent bien de l’exprimer. «Lorsque Dieu voudra, il nous enverra un fils de famille qui se souciera de nos problèmes. Il suffit d’ouvrir les yeux pour ne pas rater cette occasion. Il faut lui donner sa chance par vos voix, mes enfants» conseille Aâmi Saïd, un groupe de jeunes attablés dans une terrasse de café à Boudjima.

A une question si un des candidats présents sur les listes remplit les critères énoncés, Ami Saïd répond avec sagesse qu’il suffit de bien voir et de ne penser qu’au bien de son pays. Mais peut-on vraiment ne rien voir d’autre?

Interrogé sur la différence entre les élections d’avant l’Indépendance et celles d’aujourd’hui, Da Ahmed, sexagénaire, se souvient. «Je me souviens comme si cela datait d’hier. Ce jour-là, ne se reproduira plus. Je sentais vraiment l’importance de l’acte de donner sa voix. Cela changeait bien quelque chose. Aujourd’hui, je suis triste de voir ce qui se passe. J’entends dire que beaucoup de jeunes votent sur des candidats qui leur promettent des aides à l’habitat rural. Je ne pleure pas la corruption d’aujourd’hui, mais je pleure ce genre d’électeurs candidats à la corruption de demain. Elle sera pire, celle-là» Regrette notre interlocuteur. Contrairement à ce que l’on peut croire, la maturité politique chez cette catégorie est grande. «Les élections locales sont faites pour choisir des hommes capables de gérer les villages. C’est un peu comme les comités de sages d’antan. Vous savez, ce n’est pas important les partis politiques dans ce cas. L’essentiel est de repérer l’homme qu’il faut» conseille un autre vieil homme. Lorsqu’un jeune l’interrompt sur les promesses non tenues par des précédents élus, celui-ci réplique qu’il faudra apprendre à tenir sa parole. Par ailleurs, un constat se dégage clairement des discussions avec cette catégorie. Le mode actuel adopté pour les élections locales doit s’adapter plus aux méthodes traditionnelles de choix et de fonctionnement des assemblées. S’inspirer des structures anciennes pour les actualiser et elles seront conformes aux standards internationaux. «Avant, les villageois choisissaient un seul homme. Celui qu’ils voient capable de porter leur volonté. Ensuite, c’est à lui de choisir ses suppléants. Ceux en qui il a confiance. Ce n’est pas comme aujourd’hui, dans cette anarchie. Des élus qui bloquent le maire. Des élus qui sabotent le maire pour le discréditer en vue des élections prochaines. Mais où est l’intérêt de la communauté dans tout cela?» s’interroge Da Mokrane.

En fait, par des mots simples, cette catégorie préconisait simplement d’adapter les structures anciennes juridiquement pour laisser fonctionner et avancer une société qui ne refuse pas la démocratie mais qui aspire à gérer sa cité par ses propres caractéristiques. «C’est pour tout ça que nous avons choisi de nous battre pour arracher notre indépendance, mes enfants» conclut un autre sexagénaire à Tigzirt.