Il n’y aura ni implosion ni révolution à la rentrée sociale 2015

Il n’y aura ni implosion ni révolution à la rentrée sociale 2015
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Contrairement à certains discours alarmistes confondant les impacts de court terme et ceux à moyen et long terme, il n’ y aura pas de révolution à la rentrée sociale 2015, ce qui ne saurait signifier que la situation n’est pas préoccupante.

Autosatisfaction de certains et sinistrose pour d’autres



1.-Alors que l’Algérie a besoin de rassembler tous ses enfants au lieu de diviser tenant compte de ses différentes sensibilités, personne n’ayant le monopole du nationalisme et de la vérité face à des ajustements économiques et sociaux qui seront douloureux entre 2016/2025 , l’on assiste d’une part, à l’autosatisfaction de certains responsables au niveau du pouvoir, n’ayant pas mesuré l’intensité de la crise, et pour d’autres à des discours de sinistrose. La situation actuelle n’est pas le produit que des années 2000/2015 mais la conséquence des politiques de 1963 à 2015, en soulignant que tout ce qui a été réalisé n’est pas totalement négatif, mais beaucoup d’insuffisances qu’il s’agit impérativement de corriger, évitant de perpétuer les mêmes erreurs.

Certains des critiques acerbes devraient être modestes, ayant participé activement à cette gouvernance qu’ils critiquent aujourd’hui. D’autres disent tout simplement au pouvoir actuel : Partez, on vous remplacera mais sans proposer de solutions crédibles mais uniquement pour continuer à gérer toujours la rente. D’ailleurs leur silence est éloquent face à la baisse drastique du cours du pétrole. Que proposent-ils en dehors des idées générales vagues ? Contrairement à certains discours alarmistes confondant les impacts de court terme et ceux à moyen et long terme, il n’ y aura pas de révolution à la rentrée sociale 2015, ce qui ne saurait signifier que la situation n’est pas préoccupante comme j’ai eu à le souligner à maintes reprises dans la presse nationale et internationale et aux correspondances que j’ai adressées aux plus hautes autorités du pays avec des propositions concrètes de sortie de crise.

Eviter de reporter les problèmes dans le temps

2.-Premièrement, contrairement aux années 1986/1990, la dette extérieure es t inférieure à 4 milliards de dollars et les réserves de change bien qu’en nette diminution, clôtureront fin 2015 entre 135/140 milliards de dollars au rythme de la dépense publique donnant un répit de deux à trois années au rythme de la dépense publique actuelle où l’impact n’est pas proportionnel à cette dépense. Car il ne sert à rien de réduire les importations, sans vision statique, sans une autre vision stratégique de consommation énergétique et de la production hors rente dans le cadre des valeurs internationales.

Les mesures techniques d’ordre monétaires sont des mesures conjoncturelles, encore faille t-il analyser leurs impacts réels comme l’obligation du paiement par chèques, les mesures d’insertion du capital/argent de la sphère informelle ou les dernières mesures d’ allègement fiscal pour certaines entreprises. Sans vision d’ensemble, nécessitant un grand ministère de l’économie et une planification stratégique pour synchroniser les actions, et surtout une nette volonté politique de débureaucratisation et de libéralisation maîtrisée, impliquant un front social interne solide pour partager équitablement le coût des réformes structurelles, ces mesures ne font que reporter les problèmes dans le temps.

L’Etat maintient les subventions

3.-Deuxième raison de la non implosion sociale à court terme, l’Etat algérien est décidé à maintenir les subventions et les transferts sociaux (28% du PIB en 21014), quitte toujours à reporter les problèmes dans le temps, bien que n’existe pas une répartition équitable de ces subventions. Ces mécanismes, souvent populistes, sans analyser les véritables impacts, ont permis d’accroître l’épargne des ménages. Paradoxalement, la crise du logement permet un salaire collectif qui joue comme tampon d’amortisseur social : même marmite, partage des charges. L’individualisation accroîtra à terme les tensions sociales car au vu de la structure des prix aucun ménage individuel ne peut survivre à moins de 30.000 dinars par mois.

Le dérapage du dinar aura un effet inflationniste

4.- Troisièmement, le cours en date du 25/08/2015 du WIT étant coté à 39,12 dollars et le Brent 43,48 où le cours du dollar en baisse approche 1,147 dollar un euro, 104, 693 dinars algérien un dollar et 120,342 dinars un euro. L’impact du dérapage du dinar tant par rapport à l’euro qu’au dollar aura un effet inflationniste sur le coût des entreprises qui doivent répercuter le différentiel s’ils ne veulent pas faire faillite. 70% des matières premières des entreprises publiques et privées étant actuellement importées, la facture ayant approché en 2014 environ 18 milliards de dollars. Cette hausse des prix touchera en premier lieu les couches moyennes percevant un salaire, qui ont un modèle de consommation diversifiée et de surcroît non constituées en forces sociales et interlocutrices du pouvoir, la grande masse des couches basses couches ayant un niveau de consommation orientée vers les biens non durables s’adonnant à des pratiques informelles pour boucler les fins de mois. C’est que l’inflation joue toujours comme vecteur de redistribution au profit des revenus variables.

Nécessité d’une réelle transition économique

5.-En résumé, des tensions sociales criardes, avec une intensité deux fois plus grande que la crise de 1988/2000, auront lieu en cas de non réorientation de l’actuelle politique socio-économique qui renvoie à des facteurs à la fois politiques, sociaux , économiques internes et à la nouvelle configuration géostratégique, politique, militaire, économique et énergétique mondiales que vers le début des années 2017. Et c’est à cette date, si le cours du pétrole remonte pas, s’il n’y pas eu une réelle transition économique basée sur les créateurs de richesses durables, où l’Etat aura réalisé cette épargné forcée par l’inflation amenuisant le pouvoir d’achat des Algériens conduisant à une dépression économique, qu’il y a risque d’une véritable implosion sociale avec des conséquences politiques mais également géostratégiques au niveau de la région euro-méditerranéenne et africaine.

Gouverner étant de prévoir, espérons que le pouvoir algérien tirera les leçons du passé pour nous éviter le drame des années 1990/2000.