L’accord conclu entre les autorités locales, à leur tête le wali, et la société civile représentée par une notabilité locale, est loin d’être du goût des protestataires qui se disent être menés en bateau et menacent de reprendre possession de la rue au cas où leur principale revendication n’est pas satisfaite.
Des manifestants qui, à chaque fin de journée, se donnent rendez-vous, en petits groupes, à la place de la Résistance, devant la Grande Poste, dans l’espoir de faire revivre la contestation du début de l’année. Tentatives apparemment vaines tant l’usure a tout l’air d’avoir pris le dessus. Ce qui est loin de diminuer de leur détermination à tenir à leur revendication, l’annulation pure et simple des listes de bénéficiaires des logements dans le cadre d’une opération de résorption de l’habitat précaire. Cet accord de la discorde, les manifestants le considèrent comme un reniement des autorités locales quant à leur engagement de tirer au clair cette distribution qui aurait été entachée d’irrégularités, à l’origine d’ailleurs du soulèvement de la population. Et pour cause, affirme Habib Djamed, secrétaire général de la section locale de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme, l’accord ne fait aucune référence à ce préalable puisqu’il stipule l’évacuation totale des derniers bénéficiaires de l’opération RHP pour les loger ailleurs. Ces derniers devront se faire remplacer par des médecins spécialistes et des enseignants universitaires qui s’apprêteraient à débarquer pour renforcer ces deux secteurs névralgiques dans la wilaya en manque d’encadrement qualifié. Mais cette option semble difficile d’application puisque bien des familles ont déjà signifié leur refus de vider les lieux. Autres clause de cet accord, la construction de 600 logements sur le site de Lamhafir rasé, l’octroi de 500 aides pour la réhabilitation du vieux bâti, le passage au crible des dossiers en instance concernant la distribution prochaine de 1090 logements et la révision du PDAU (Plan directeur d’aménagement urbain) de la ville avec promesse d’y associer deux représentants du mouvement associatif. Autant de clauses qui, selon notre interlocuteur, «éludent superbement l’impératif de faire toute la lumière sur cette opération RHP de peur, dit-il, que cela éclabousse bien des responsables locaux à tous les niveaux». Le secrétaire général de la section locale de la LADDH a, en outre, fait part de rumeurs persistantes autour de plaintes que des agents de l’ordre s’apprêteraient à déposer contre des manifestants qui leur auraient provoqué des blessures. Une initiative qui, selon Habib Djamed, «s’apparente plus à une manière de dissuader des jeunes manifestants» qui, pour rappel, et depuis quelques jours, explorent les meilleurs moyens pour agir similairement.
M. K.