Il ne réussit toujours pas à former son gouvernement / Bedoui : première mission, premier échec

Il ne réussit toujours pas à former son gouvernement / Bedoui : première mission, premier échec

Par Hammadi Souhila 

Le Premier ministre, qui traîne lui-même de grosses casseroles, se montre incapable de convaincre un peuple désormais réfractaire à toute offre du régime.

Quinze jours après sa nomination au poste de Premier ministre, Noureddine Bedoui peine à former le gouvernement de transition annoncé dans un message attribué au président Bouteflika dans le sillage de mesures présentées comme des concessions à la révolte du peuple (renoncement au 5e mandat, annulation de l’élection présidentielle du 18 avril 2019 et tenue d’une conférence nationale inclusive avant la fin de l’année en cours). “Ce sera un gouvernement technocrate, représentatif de toutes les forces et compétences de la nation, et ouvert aux jeunes”, avait-il expliqué lors la conférence de presse qu’il a animée conjointement avec son vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le 15 mars. Il s’est accordé un délai d’une semaine pour engager la concertation puis rendre publique la composante de son staff.

Des dizaines de personnes, structurées dans des partis politiques ou pas, des organisations syndicales, des associations, du patronat… ont été contactées pour intégrer l’Exécutif. La majorité a poliment refusé. Certains ont requis des préalables que, visiblement, il ne pouvait pas garantir probablement. Conséquence : à l’exception du ministère des Affaires étrangères qui  retrouve un ancien titulaire, Bedoui est contraint de compter avec l’équipe héritée de son prédécesseur, Ahmed Ouyahia. Il consomme ainsi un échec cuisant à la première mission — la plus simple dans l’absolu — qui lui est conférée en sa qualité de Premier ministre. Quel crédit accorder alors à ses capacités à atteindre les objectifs, nettement plus laborieux, que lui ont assignés les centres du pouvoir dans une tentative de survivre au soulèvement populaire ? Pas grand-chose, visiblement.

Bedoui ne peut  obtenir l’adhésion d’un peuple désormais réfractaire à toute offre du régime. Il lui est difficile, d’ailleurs, de convaincre ne serait-ce que de sa bonne foi tant il traîne, à titre personnel, de grosses casseroles. La démission — ou le limogeage — d’Ahmed Ouyahia devait calmer une rue excédée par sa propension à prédire au pays un sort identique à celui de la Syrie au motif que les Algériens ne savaient pas manifester sans violence. Peine perdue.

Noureddine Bedoui n’a pas eu, non plus, l’assentiment des millions de citoyens, déterminés à se débarrasser du système et de ses relais. En charge du département de l’Intérieur et des Collectivités locales depuis 2015, l’homme traîne, comme un boulet, sa responsabilité dans la répression du mouvement des médecins résidents, des retraités de l’ANP et des enseignants. Il est connu, également, pour être le chef d’orchestre de la fraude aux élections législatives et locales de 2017 et de faux et usage de faux dans la présentation, au Conseil constitutionnel, de 5,8 millions de parrainages en faveur du 5e mandat, dûment légalisés par des APC aux ordres. En clair, le Premier ministre et son adjoint Lamtane Lamamra sont condamnés à échouer dans leurs missions pour la simple raison que leurs mandataires se rapprochent, chaque vendredi, de la case “has been”.

Souhila Hammadi