Dans la crise qui secoue le Mouloudia d’Alger, un nouveau palier a été franchi vendredi dernier avec le rassemblement populaire qui a eu lieu sur l’esplanade qui jouxte le complexe sportif El Kettani, dans le quartier de Bab El Oued.
Nous ne dirons pas que l’endroit affichait complet, lui qui est assez imposant par sa superficie, mais il devait bien y avoir là quelque 2000 personnes.
Ce qui n’est pas rien en cette période où il n’y a plus d’activité footballistique officielle et à un moment où la télévision retransmettait le match de l’Euro 2012 entre la France et l’Ukraine.
Ce regroupement est bien la preuve que le vieux club algérois n’est pas un club comme un autre, lui qui subit en ce moment de plein fouet les affres d’une crise qui dure depuis de longs mois. Ce qu’il y a de terrible dans le scénario qui se déroule sous nos yeux, c’est que les autorités compétentes font comme si de rien n’était. Il ne s’est pas trouvé un seul responsable pour mettre le holà à cette grave dérive du plus populaire de nos clubs.
C’est que beaucoup de choses sont fausses dans cette histoire, comme le fait de faire croire que l’on a affaire à une société commerciale dans laquelle personne n’a le droit de s’immiscer en dehors de ses propres actionnaires. Le Mouloudia d’Alger professionnel ? Et puis quoi encore ? Veut-on nous prendre pour des dindons à qui on fait tout avaler ? En quoi ce club est-il une société commerciale ?
Par le fait qu’il détient un acte notarié et qu’il dispose d’un conseil d’administration ? Alors d’accord, au nom de la transparence, qu’on nous dise à combien s’élève le capital social de cette prétendue SSPA. Qu’on révèle à l’opinion les noms des actionnaires ainsi que l’apport de chacun d’eux.
Qu’on fasse surtout connaître l’actif et le passif de ce club. Et puis, il faudrait nous expliquer au nom de quoi il est un club professionnel puisqu’on peut être certain qu’il ne répond, qu’en une infime partie, au cahier des charges du professionnalisme tel qu’édicté par un décret du MJS. Alors le Mouloudia professionnel, on pourra y repasser.
Disons que l’on a affaire à un club qui veut jouer au professionnel mais avec une gestion digne de celle des amateurs. Dans ce cas, n’importe quelle autorité peut intervenir.
Le plus déplorable, c’est que tout le monde sait que ce club se débat dans de gros problèmes financiers. Tout le monde sait que des investisseurs se sont présentés pour acheter le plus gros des actions mises en vente mais tous ont dû abandonner parce que ceux qui sont en place font tout pour rester au risque même de mettre en danger le devenir du club. Ce cinéma se déroule au vu et au su des responsables de la FAF qui ont pourtant invité tous les clubs à ouvrir leur capital à des investisseurs. Voyez ce à quoi nous avons abouti.
A un système où en dehors de l’USM Alger en Ligue 1, tous les autres clubs sont toujours dirigés par ceux qui les dirigeaient avant l’avènement du professionnalisme. On ajoutera la JSM Béjaïa à l’USMA, sachant que dans le club béjaoui, le président Tiab y va de son argent et il y a d’autres actionnaires au sein du conseil d’administration (on mettra de côté le cas du Paradou AC où l’action des frères Zetchi est incontestablement reconnue). Ces gens qui étaient aux commandes depuis des lustres s’y accrochent en dépit des insultes et des sarcasmes qu’ils ne cessent de subir.
Aujourd’hui, la question qui se pose est de se demander qui a intérêt à ce que rien ne change au Mouloudia ? Il ne faut tout de même pas oublier qu’Eddir Loungar, le dernier à avoir fait une offre d’achat, est le quatrième investisseur à s’être présenté au prétendu conseil d’administration.
On lui a fait comprendre qu’il perdait son temps. Au rythme où les choses évoluent, il y a de fortes chances de voir le vieux club algérois s’endetter encore plus et devenir le dernier de la classe du professionnalisme.
C’est dommage pour un club au sujet duquel nous écrivions en 1989, au lendemain de l’abrogation du code de l’EPS de 1976 et du retrait des entreprises publiques de la prise en charge du football, qu’il était capable de vivre sans Sonatrach. Selon nous, il était le seul, avec le formidable soutien populaire dont il jouissait, à pouvoir faire du vrai professionnalisme et à vivre de ses recettes de stade, des droits TV, du sponsoring, du marketing et de la vente de ses produits dérivés.
Il a complètement raté sa vocation pour devenir la risée du football national. La FAF, qui dispose d’une commission chargée de contrôler la gestion de ces entités professionnelles, a le devoir de réagir sans quoi on la prendrait comme complice dans l’immense gabegie qui est en train de ruiner l’un des plus beaux fleurons de notre mouvement sportif national.
A. A.