Le meeting du RND, qui se voulait une rencontre entre ses militants pour la préparation des prochaines élections législatives, a dévié de son objectif initial.
C’est à l’occasion d’un meeting populaire, organisé hier au siège de la Centrale syndicale à Alger, pour fêter le 15e anniversaire de la création du Rassemblement national démocratique (RND), que Seddik Chihab, premier responsable des structures du parti à Alger et membre du conseil national du RND, a ouvert plusieurs fronts en s’attaquant à plusieurs acteurs de la scène politique nationale et même aux Tunisiens, non sans étonner l’assistance.
Ce meeting, qui se voulait une rencontre entre les militants du RND pour la préparation des prochaines élections législatives, a dévié de son objectif initial. La rencontre a été émaillée par des “dérapages” de la part de Seddik Chihab qui s’exprimait devant plusieurs responsables du parti, entre députés, sénateurs et membres du conseil national.
Dans son discours, Seddik Chihab, ignorant tout sens de la mesure, met le FIS dissous et le RCD sur un pied d’égalité en déclarant : “L’agrément du FIS et du RCD est une grave dérive.” Celui-ci soutient que “la Constitution interdit la création de partis politiques sur la base de la religion ou d’une identité”.
Et d’ajouter plus loin que “ceux qui ont agréé ces deux partis (le FIS et le RCD, ndlr) doivent rendre des comptes de leurs manœuvres”.
Seddik Chihab ne s’est pas contenté uniquement de ces déclarations pour le moins ubuesques. Il s’en est pris, avec une rare violence, aussi, à l’ancien allié du RND dans l’Alliance présidentielle, le MSP, en l’accusant ouvertement de travailler pour des intérêts étrangers. “Ceux qui veulent nous vendre le modèle turc se trompent lourdement”, a-t-il déclaré.
Ces gens, a-t-il ajouté, “veulent nous imposer un Islam domestiqué conçu par les membres de l’Otan pour leurs intérêts”, avant de rappeler que la Turquie est membre de l’Otan depuis les années 1950.
Dans sa lancée, Chihab a traité certains leaders de partis islamistes, qui partent “en Turquie, en Égypte ou au Qatar” pour “ramasser quelques dollars”, de “sous-traitants d’étrangers”. Ces étrangers, accuse-t-il, “ne veulent que nuire à l’Algérie”. “Ce sont des mercenaires”, a encore asséné l’orateur à l’endroit des islamistes qu’il traite, par ailleurs, de sorciers politiques et de rêveurs.
“Ceux qui rêvent d’un tsunami islamiste lors des prochaines élections sont en déphasage avec la société et avec les garanties de transparence émises par le président Bouteflika”, a souligné, dans le même registre, Seddik Chihab.
Pour lui, l’existence même de ces partis islamistes en Algérie n’est autre que “le fruit d’une manipulation grotesque venue de l’étranger visant à détruire l’Algérie”. Les différentes orientations idéologiques de ces partis ne sont, selon Chihab, que “des éléments de discorde”. Pour appuyer ses dires, il a estimé qu’en Algérie, “il n’existe qu’un seul rite religieux, qui est le rite malékite”, alors que les autres orientations, notamment la Salafia, “est un modèle importé de l’étranger pour frapper la cohésion du peuple algérien”, a-t-il encore jugé.
“Les tunisiens étaient nos serviteurs…”
Dans une déclaration pour le moins étrange, Seddik Chihab a traité les Tunisiens d’anciens serviteurs d’Algériens. “Avant, les Tunisiens travaillaient pour nous et maintenant ils veulent nous donner des leçons”, a-t-il déclaré devant une assistance composée essentiellement de jeunes de quartiers populaires d’Alger qui, pendant ce temps, rivalisaient de slogans à la gloire du Mouloudia et du CRB. À rappeler que cette déclaration d’un responsable du parti d’où est issu le Premier ministre vient au moment où des efforts pour “réactiver” l’Union du Maghreb sont engagés de part et d’autre.
Dans un passage consacré à Ahmed Ouyahia, SG du RND et actuel Premier ministre, Seddik Chihab a estimé que “si tous les responsables politiques algériens assumaient les sales besognes comme Ouyahia, l’Algérie ne serait pas là où elle est aujourd’hui”. En expliquant qu’Ouyahia et le RND avaient accepté ce rôle “afin de défendre les institutions de l’État et leur stabilité”.
À signaler, enfin, que Chihab a tenu à démentir les accusations de fraude en faveur de son parti en 1997.
“Le RND n’a jamais été un adepte de la fraude, nous récusons l’accusation selon laquelle notre parti avait fraudé en 1997”, a-t-il déclaré.
M M