Il mène une «guerre de civiliation contre» l’islamofascisme, Le combat douteux de Manuel Valls

Il mène une «guerre de civiliation contre» l’islamofascisme, Le combat douteux de Manuel Valls
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Le Premier ministre français

L’ancien maire d’Evry avait déjà défrayé la chronique, lors d’une brocante en juin 2009, lorsqu’il avait fait des commentaires qui sentaient fort le racisme d’un «élu de gauche».

Et de trois! Le Premier ministre français, Manuel Valls, vient de provoquer une nouvelle polémique, au lendemain de l’attentat contre une usine en Isère. Mettant en garde les Français contre «une menace terroriste majeure», s’inscrivant dans «la durée», il a utilisé pour la première fois l’expression controversée de «guerre de civilisation» face au «terrorisme» islamiste. Il a, dès lors, appelé à la mobilisation pour gagner ce qu’il considère, singulièrement précisera-t-il plus tard, «une guerre de civilisation». Face aux réactions, il dénoncera une incompréhension ou une manipulation de son vocabulaire, recourant aux savantes valses de circonstances.

Ce fut la même argutie utilisée en février dernier quand il commenta l’attentat de Copenhague, en lâchant l’anathème d’«islamofascisme», laissant le soin aux grammairiens du PS de trouver les explications de nature à satisfaire et les uns et les autres. Il avait, ce jour-là, passablement enthousiasmé l’état-major de Nicolas Sarkozy qui trouvait des similitudes intéressantes dans le vocable de Valls enclin à brandir le verbe menteur de George W. Bush, jusqu’à rappeler le fameux «axe du mal».

L’ancien maire d’Evry avait déjà défrayé la chronique, lors d’une brocante en juin 2009, lorsqu’il avait fait des commentaires qui sentaient fort le racisme d’un «élu de gauche». Pour se justifier, Manuel Valls avance toujours l’argument d’une manière de slalomer sur les attentes de l’électorat, dans toute sa diversité et ses antinomies. Mais il s’avère éculé. Sans doute, l’ancien conseiller en communication du candidat François Hollande à l’Elysée, en 2012, a-t-il apprécié la «vanne» de François Hollande, lors du dîner communautariste annuel du Consistoire juif (Crif), le 16 décembre. Hollande avait alors publiquement estimé que Manuel Valls «était rentré d’Algérie sain et sauf», ajoutant que «c’est déjà beaucoup». Malheureux dérapages ou quintes du subconscient? Les deux, vraisemblablement. Depuis quelques années, la classe politique française tout entière rivalise de ces propos incendiaires, bons mots et sous-entendus. La crise est durable, le racisme est ambiant, le bouc émissaire tout désigné. Les attentats odieux et gravement préjudiciables à l’islam et à toute sa communauté, dans ses diverses composantes ethniques, que mène l’EI ont des conséquences désastreuses sur ces communautés en France, en Allemagne, en Belgique, en Grande-Bretagne, notamment. Bien sûr que les discours officiels tendent à affirmer, la main sur le coeur, qu’il n’y a pas de place à l’amalgame entre terrorisme et islam.

LG Algérie

Mais dans les faits, mais dans les propos discrets ou secrets, l’amalgame est tentant et nombreux sont les dirigeants qui y souscrivent dans l’espoir qu’il rapporte des dividendes électoraux, surtout face à une droite et une extrême-droite belliqueuses. C’est ce qui sous-tend les algarades de Manuel Valls, qui ne craint pas de redonner la «nausée» à Jean-Luc Mélenchon pourvu que soit assurée sa pole position pour 2017, au cas où… Incroyable cécité que celle-là qui consiste à supposer acquise l’adhésion de la gauche unie, autour d’un candidat qui, depuis son arrivée à Matignon, est souvent comparé à Sarkozy. Ses références bushistes ne l’avantagent pas précisément, et c’est à se demander s’il n’aurait pas lui-même mené volontiers la sale guerre contre la Libye d’El Gueddafi, nourrissant par-là même le monstre de Daesh qu’il prétend combattre en stigmatisant des communautés entières, désignées à la vindicte.

Soutenu par des Cambadélis et contesté par des élus comme Julien Dray, Valls a un goût prononcé pour ces formules qui font «tilt», quitte à soulever un tollé général, convaincu que l’excès bénéficie toujours de la lumière la plus intense. Et ses sorties, maintes fois excessives et sans cesse contrôlées, sont autant de provocations politiciennes destinées à lui attirer la sympathie d’un électorat dont il pense qu’il peut «glisser» hors des rets du Front national. Gageure indicible, pari insensé qui tend à lâcher la proie pour l’ombre. Quelle arrogance peut-elle motiver de la sorte un homme fortement contesté dans son propre camp et quelle morgue le pousse ainsi à braver les moulins à vent de l’extrême droite, en rivalisant au coude-à-coude avec les héraults habituels du racisme et de la xénophobie? Peut-être des valeurs confusément partagées? L’avenir proche le dira, car il est évident que la gauche en 2017 aura un sacré retour de boomerang.