Il les a mobilisés contre les risques sur la stabilité sociale: Hamel «raisonne» les syndicats

Il les a mobilisés contre les risques sur la stabilité sociale: Hamel «raisonne» les syndicats

Par souci de garantir la sécurité et la stabilité dans une situation d’incertitudes, les autorités tentent de maîtriser tout mouvement social mobilisateur de foules dans la rue.

L’intersyndicale autonome de la Fonction publique, puisque c’est la seule à présent capable de constituer un contre-pouvoir, est dans le viseur. Ses acteurs ont été convoqués par Abdelghani Hamel, patron de la Dgsn, apprend-on de sources sûres. En effet, des syndicats membres ont été reçus au siège de cette dernière «à l’effet de discuter des risques que représente le contexte régional sur la stabilité du pays et donc de la nécessité de les prendre en considération avant de décider de tout mouvement».

Une première dans les anales, à quelques jours seulement de la reprise de la contestation contre la réforme de la retraite, le code du travail et la dégradation du pouvoir d’achat, fixée au 28 janvier. L’on sait déjà que les syndicats sont souvent sous la loupe des services de sécurité et même en contact avec eux localement pour des informations en matière d’organisation, pas plus. Mais, cette fois-ci, les choses semblent avoir été prises avec un peu plus de sérieux, puisque c’est la Direction générale de la sûreté nationale qui s’implique directement.

Fait inédit encore, d’autant que selon nos sources qui affirment la tenue de ces réunions «les 11 et 12 janvier dernier», le général major, Abdelghani Hamel, aurait sollicité ses vis-à-vis à l’effet «de surseoir à toute action de protestation dans cette conjoncture particulière». «Les syndicats ont été convoqués et reçus individuellement». Il y en a ceux qui ont décliné l’invitation alors que d’autres n’ont même pas été informés à l’image du syndicat des praticiens de la santé publique, Snpsp. Son président, le docteur Lyès Merabet qui dit d’ailleurs ignorer l’existence de ces rencontres, «regrette qu’il n’y ait pas assez de communication et de partage de la part des syndicats qui ont été convoqués, du moment, ajoute-t-il, que nous sommes dans une démarche consensuelle».

Pourtant, notre interlocuteur, tout en minimisant l’ampleur de la chose sur la cohésion de l’intersyndicale, estime que «les autorités politiques ou sécuritaires auraient mieux fait d’inviter tout le monde pour information, pourvu que ce ne sera pas au détriment des libertés syndicales, du droit de grève et du droit à la manifestation pacifique». Et d’ajouter : «De toutes les façons, nous sommes conscients de la situation et de vieux syndicats autonomes ont accompagné des années de crise en Algérie, sans pour autant être un facteur déstabilisateur».

Pour un responsable d’un syndicat reçu à la Dgsn, «il s’agissait plutôt de rencontres informelles». «On ne nous a pas demandé de surseoir ou de geler notre mouvement. Il était question de discuter du respect de l’ordre public lors des manifestations. Sans plus». Quoi qu’il en soit, des acteurs de l’intersyndicale ne comprennent pas pourquoi convoquer certains et ignorer d’autres. D’où les soupçons soulevés autour cette démarche qui «visent, pensent nos sources, à diviser et à briser la cohésion du groupe». Il faut dire que la peur des autorités est depuis quelque temps exprimée dans le discours officiel dont on décèle souvent des passages avertissant du contexte et de l’environnement instables au plan régional. «La main étrangère» est vue partout ! Même dans un naïf et quand bien même légitime combat d’étudiants en pharmacie et en médecine-dentaire, à en croire Tahar Hadjar, ministre de l’Enseignement supérieur.