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La restructuration que vient d’entamer le parti vaut une autocritique quant aux limites d’une situation interne caractérisée par quelques dysfonctionnements de sa structure partisane.
Le parti des Forces socialistes (FFS) multiplie ses rencontres régionales en vue de restructurer et de réorganiser ses instances fédérales. Le début du mois de juillet a été caractérisé par des rencontres au niveau de l’ouest et de l’est du pays. Cette cadence de rencontres avec les instances verticales du parti vise à entamer la révision en matière organique du FFS comme cela a été arrêté lors du congrès extraordinaire du mois de mai de l’année en cours après le renouvellement de l’instance présidentielle comme structure suprême du parti.
Cette manière d’entreprendre le processus de réorganisation des structures du FFS renseigne sur le poids et les conséquences de la crise organique qui avait été traversée durant la période du précongrès extraordinaire, d’ailleurs même les dirigeants de ce vieux parti de l’opposition n’ont pas caché cette réalité qui terrassait le parti où les tiraillements s’exprimaient clairement entre les deux clans qui faisaient office d’une guerre de repositionnement au sein du conseil national et au niveau de l’instance présidentielle (IP).
Dans ce sens, le FFS et à travers son premier secrétaire, Mohamed Hadj Djilani a rappelé à l’occasion de sa rencontre régionale avec les militants des fédérations de l’est que «nous sommes conscients que les objectifs politiques auxquels nous aspirons ne seront possibles que si une organisation forte et efficace est mise en place. Nous ne ménagerons aucun effort pour cela, nous associerons nos militants et nos militantes, nos structures et nos cadres pour réaliser notre feuille de route». C’est une déclaration qui montre on ne peut plus clairement que le FFS fait face à un défi qui n’est pas des moindres, à savoir celui du redéploiement organique en s’offrant des structures qui seront en phase avec les exigences de la situation politique du pays et en rapport avec les ambitions du parti quant à son statut de parti d’opposition qui vise à diversifier sa stratégie de lutte et de mobilisation sur le front politique avec ses soubassements et sur le front social et ses prolongements.
Dans le même registre, le dernier discours lu par Mohamed Hadj Djilani aux présents lors de la rencontre régionale avec les fédérations de l’est a mis en exergue la nécessité de resserrer les rangs en exhortant les militants de la base à apporter leur contribution pour donner plus de dynamique au parti en soulignant que «nous devons plus que jamais, redoubler d’efforts et unifier nos rangs et les rangs de toutes les énergies positives, pour une présence effective sur le terrain des luttes. A nos jeunes de trouver les meilleures formes d’existence dans tous les cadres de lutte, politique, syndicale et associative», a rétorqué le premier secrétaire du FFS, Mohamed Hadj Djilani lors de la rencontre régionale avec les fédérations de l’est.
Cette restructuration que vient d’entamer le FFS se veut comme une autocritique d’un parti qui assume les limites d’une situation interne qui caractérise le fonctionnement de sa structure partisane. De ce point de vue, l’attitude adoptée par le FFS n’est que louable pour un parti qui escompte s’affirmer sur l’échiquier politique national. La direction du FFS table sur le renforcement des structures horizontales pour se lancer dans la perspective de lutte et le combat politique en direction de la société profonde pour avoir plus d’ancrage et de présence sur le double front, politique et social. Dans ce sens, Mohamed Hadj Djilani a assuré par rapport à cette nouvelle conception organique que «nous devons semer l’espoir dans les milieux populaires exclus politiquement, socialement, et culturellement. Nous devons être à leurs côtés, à leur écoute, nous devons faire de notre parti un espace de militantisme car tirant ses racines de la proclamation du 1er Novembre et de la plate-forme de la Soummam», c’est l’objectif essentiel pour le FFS à travers la révision organique de ses structures internes. D’ailleurs, cette démarche est réaffirmée par une déclaration qui vient pour corroborer ce choix et cette optique consistant à redonner au FFS une aura et une autorité politique sur le terrain des luttes et la réhabilitation du politique, via l’action militante avec un projet politique clair qui s’arrime aux nouveaux défis qui pointent à l’horizon. Par rapport à ce volet, le premier secrétaire du FFS indique que «nous sommes conscients que la lutte n’est pas facile, mais notre confiance en la détermination et la volonté de nos militants nous permettra de nous surpasser et d’affronter les obstacles et les difficultés», a asséné Mohamed Hadj Djilani. Les rencontres régionales signent une ère nouvelle dans l’histoire du FFS dans la mesure où l’organisation qui a été héritée de la période post-indépendance a fait son temps et que le fonctionnement qui a régenté le parti depuis cette époque n’est plus d’actualité et ne répond pas aux nouvelles exigences et les défis de l’action politique de l’heure.
En marge de ses rencontres régionales, le premier secrétaire, Mohamed Hadj Djilani a rappelé les priorités politiques du parti, à savoir la consolidation et la sauvegarde de la souveraineté nationale. C’est une manière de faire le lien avec la commémoration de l’Indépendance nationale et le recouvrement de la souveraineté du pays. Mohamed Hadj Djilani n’a pas omis de faire dans la nuance en rappelant que «cette liberté et cette indépendance se devaient d’être suivies par la libération du peuple algérien en lui octroyant sa souveraineté entière dans le choix des institutions. L’Indépendance n’est totale que si elle est accomplie par la démocratie, le respect des libertés et la justice sociale», et d’ajouter que «l’anniversaire de l’Indépendance devait être l’occasion de présenter un bilan sur la gestion du pays, et non la promotion de réformes imposées et qui ont échoué au point de mettre en péril l’avenir du pays et des générations futures», a mentionné le premier secrétaire du FFS.
Le discours du FFS prend de plus en plus un caractère ferme et «acerbe» sur les bords quant à la crise politique et économique que traverse le pays. De ce point de vue, le FFS mentionne que «la situation politique, économique et sociale de l’Algérie d’aujourd’hui n’est que le résultat de ce système qui perdure depuis la confiscation du droit du peuple algérien à l’autodétermination. La situation politique, économique et sociale n’augure rien de positif», a affirmé le premier secrétaire du FFS. Ce qui est remarquable dans ce nouveau discours du FFS, c’est que l’optique politique qui prévalait depuis longtemps c’était la démarche fondée sur la mise en place des artifices qui militeront pour la reconstruction du consensus national. Soulever à nouveau la question de «l’autodétermination du peuple algérien, cela laisse entendre que le FFS vise apparemment à remettre sur la table sa revendication centrale qu’il a marquée pendant des décennies, à savoir aller vers une Assemblée nationale constituante.
En tout cas, cette revendication est adoptée par le Parti des travailleurs (PT), il ne cesse d’appeler de vive voix à réunir les conditions politiques pour organiser une élection de l’Assemblée nationale constituante. Est-ce que le FFS veut revenir à cette position qu’il a caractérisée et qu’il a charmée durant le long de son existence politique? le temps nous le dira…