Le secrétaire général du FLN conteste désormais les choix du président de la République
En s’attaquant aussi frontalement au Premier ministre Abdelmalek Sellal et au ministre de la Justice, Tayeb Louh, le secrétaire général du FLN a franchi le Rubicon.
Rappelé à la rescousse pour opérer une cataracte au vieux parti, le docteur «es- Saädani» s’en est pris avec un marteau piqueur. Le FLN, oeil du pouvoir par excellence, a été sérieusement affecté. Loin d’être freiné par les ruades des opposants, les appels à la sagesse des militants sincères du parti, le patron du FLN maintient le cap, pilonne sans discernement et les dégâts collatéraux sont importants.
Ce sont désormais les proches fidèles du président, ceux du premier cercle, qui essuient ses foudres.
En s’attaquant aussi frontalement au Premier ministre Abdelmalek Sellal et au ministre de la Justice, Tayeb Louh, le secrétaire général du FLN a franchi le Rubicon. Ses déclarations faites avant-hier à l’hôtel le Moncada de Ben Aknoun à Alger n’ont pas été du goût de plusieurs hauts responsables de l’Etat.
Cette levée de boucliers a été surtout suscitée par deux propos jugés d’une extrême gravité venant de la part du premier responsable du plus grand parti du pays. «Les portefeuilles ministériels et les ambassades reviennent quasiment toujours aux mêmes personnes qui s’alternent aux postes de responsabilité, ce qui n’est pas normal», lâche-t-il devant un parterre de journalistes qui n’en croyaient pas leurs oreilles. «Mais la nomination des ambassadeurs et des ministres est une prérogative exclusive du président de la République.
Veut-il s’attaquer encore au chef de l’Etat?», chuchote un militant du FLN, totalement désorienté par ce qu’il venait d’entendre. Il y a en effet des domaines régaliens qui sont une prérogative du président Bouteflika et M. Saâdani aura beau expliquer, recadrer et réajuster son tir, il n’aura qu’un seul sens: il conteste désormais les choix du président de la République. Au plan politique, c’est très lourd comme conclusion.
Car si le parti majoritaire qui a à sa tête comme président d’honneur M. Bouteflika ne cadre plus avec les orientations du chef de l’Etat, c’est qu’il y a un sérieux dysfonctionnement dans les hautes sphères du pouvoir. Non seulement il le dit, mais Amar Saâdani l’explique par une autre, tout aussi grave et c’est le deuxième propos retenu contre lui. «Nous avons des jeunes compétents, qui peuvent mener le pays très loin, mais dommage il y a une «khalouta» (une dilution des pouvoirs) dans la gestion du pays». C’est ainsi qu’il rajoute une autre couche pour remettre encore une fois en cause la gestion du pays par le président Bouteflika. Déjà que le bateau chavire du fait d’une crise économique préjudiciable, Amar Saâdani vient d’ouvrir une autre brèche dans le bateau Algérie. «A supposer que M.Saâdani conteste les choix du président Bouteflika, cette manière de s’y prendre n’est ni dans l’intérêt du pays encore moins dans la culture de notre parti, le FLN qui a toujours eu l’art et la diplomatie de dire les choses même aux pires moments de la crise», conteste un vieux militant présent avant-hier au Moncada.
De source crédible nous apprenons par ailleurs, que cette levée de boucliers aura des conséquences lourdes et on croit savoir que le président de la République interviendrait dans les prochains jours pour mettre le «holà!» à cette «khalouta» du FLN. Dans sa course contre ses déchaînements M.Saâdani multiplie les erreurs pour s’en prendre caustiquement au ministre de la Justice, Tayeb Louh. «Ils pensent que, parce que c’est Tayeb Louh qui est ministre de la Justice, ils auront gain de cause. Ils se trompent lourdement! Les choses ne fonctionnent pas de cette manière!», appuie-t-il sans sourciller, en lâchant ce pavé dans la mare.
Que restera-t-il dans un pays quand on remet en cause son ministre de la Justice? L’accusation est encore une fois grave, mais les conséquences risquent d’être encore plus lourdes. Tayeb Louh, Abdelmalek Sellal, deux hommes du président canardés publiquement par le secrétaire général du FLN, les préjudices risquent de déborder au niveau politique et social du pays. Il est vraiment temps d’arrêter ce cirque.