Il faut sauver le soldat Djebbour

Il faut sauver le soldat Djebbour

Les joueurs se mobilisent pour lui trouver un club

Il faut sauver le soldat Djebbour. Cette allusion au titre d’un célèbre film de Steven Spielberg n’est pas de trop.

Non pas que Rafik Djebbour ou tout autre joueur algérien veuille faire du cinéma (on laisse le cinéma, la comédie et le théâtre mélodramatique aux Egyptiens, passés maîtres en la matière), mais c’est qu’il s’agit bien de sauver l’un des soldats qui ont mené des batailles au front de l’attaque pour permettre à «l’armée» des Verts algériens de franchir tous les obstacles ennemis et arriver en Afrique du Sud.

L’annonce de Saâdane a peiné les joueurs

Depuis que le sélectionneur Rabah Saâdane a annoncé, dans nos colonnes, que Djebbour doit absolument trouver un club avant le mercato sous peine qu’il soit écarté de la phase finale de la CAN-2010, ses coéquipiers sont inquiets. Peut-être ne l’expriment-ils pas tous publiquement, mais l’inquiétude est perceptible chez tous.

Le joueur a été de toute l’aventure, du premier match à Kigali jusqu’à la confrontation «épique» de Khartoum, même s’il n’était pas sur la feuille d match. Il a tout vécu, tout partagé avec ses coéquipiers. Si l’épreuve du Caire a raffermi encore plus les liens entre tous les joueurs, il n’est pas étonnant que les joueurs soient peinés par la situation de Djebbour et se mobilisent, chacun de son côté, pour l’aider à remonter la pente et, surtout, à trouver un club.

Course contre la montre après l’échec du Celtic

Ainsi, des joueurs ont entrepris ces derniers jours, dans la discrétion, des contacts avec leurs connaissances dans le milieu du football pour tenter de trouver un club à Djebbour.

Certains d’entre eux, notamment Madjid Bougherra et Nadir Belhadj, ont agi il y a plusieurs semaines en demandant à leur agent (qui est également l’agent de Hameur Bouazza et Kamel Ghilas), d’aider l’attaquant de l’AEK à trouver un club, d’où les essais effectués à Glasgow avec le Celtic. Cependant, pour des raisons financières (le Celtic n’était pas disposé à payer 3 millions d’euros pour acquérir le joueur, d’autant plus que son salaire était important) et d’adaptation (Djebbour n’a pas apprécié le froid écossais), l’affaire est tombée à l’eau. A présent, c’est la course contre la montre afin de rattraper le temps perdu.

Auxerre ne déboursera jamais 3 millions d’euros pour un joueur

De son côté, Djebbour a essayé de réagir. D’abord, il est retourné à Athènes pour tenter d’arranger les choses, mais son entraîneur Dusan Bajevic, rancunier comme personne, l’a maintenu en quarantaine. L’ancien entraîneur Guy Roux, dans l’interview qu’il nous a accordée, a révélé que le joueur, formé à l’AJ Auxerre qu’il avait quittée de manière tumultueuse, était passé au club il y a trois semaines pour s’excuser pour les problèmes du passé. Peut-être une manière de revenir à son club formateur, mais ce dernier, encore plus «pauvre» que le Celtic, ne pourra jamais débourser 3 millions d’euros pour un joueur.

Yahia : «Je l’ai proposé à Bochum»

Le seul joueur qui a révélé ouvertement ses projets pour Djebbour, c’est Antar Yahia. Au cours de la rencontre que nous avons eue avec lui à Bochum, il nous a indiqué qu’il a parlé de Djebbour à ses coéquipiers et à l’entraîneur et qu’il comptait en parler au Directeur sportif du club afin de superviser l’attaquant algérien et, peut-être, le recruter durant le mercato, d’autant qu’il est question de recruter un attaquant en décembre.

«Je demanderai au Directeur sportif au moins de le laisser s’entraîner avec nous.

Je suis certain que l’entraîneur et lui apprécieront ses qualités», nous a assuré le défenseur international. Au moment où nous mettons sous presse, Yahia a dû en parler au Directeur sportif.

«Malgré le manque de compétition, il voulait jouer le match de l’Egypte»

Ce qui chagrine le plus les joueurs de la sélection, c’est qu’ils ont vu à quel point Djebbour s’est impliqué dans la préparation des matchs du Caire et de Khartoum, même s’il était à court de compétition et qu’il savait qu’il avait très peu de chances de jouer. «Rien que par sa présence et ses encouragements incessants, il a apporté un plus, comme cela a été le cas de tous les joueurs, même ceux qui n’étaient pas sur la feuille de match. Nous avons un groupe vraiment uni», insiste Yahia. Et de témoigner que «Djebbour est allé voir Saâdane avant les deux matchs contre l’Egypte et lui a dit : «Je veux jouer et je sais que je leur marquerai.» Il avait la rage et la motivation, mais Saâdane lui a expliqué que, dans un match pareil où il y aurait beaucoup d’engagement physique, il valait mieux ne pas prendre de risque.

«Djebbour, c’est l’avenir de l’Algérie»

Yahia ainsi que tous les joueurs qui sont en train d’agir discrètement pour aider leur coéquipier, n’escomptent ni contrepartie ni remerciements. «C’est un devoir envers un frère avec lequel nous avons beaucoup partagé», souligne Yahia. «Djebbour est encore jeune et il est bourré de talent. Il représente l’avenir de l’Algérie. Il peut disputer jusqu’à trois Coupe du monde. De plus, il aime vraiment son pays. Alors, ce serait dommage qu’il ne soit pas avec nous à la CAN et au Mondial. Nous nous sommes qualifiés ensemble et nous aimerions y aller tous ensemble, avec tout le groupe qui a vécu cette aventure.»

Vers son retour à Panionios

Certains journaux grecs ont fait allusion à un éventuel compromis entre l’AEK Athènes et Panionios, au sujet de l’international algérien, Rafik Djebbour.

En effet, il y aurait apparemment une possibilité de revoir ce joueur sous ses anciennes couleurs. Rappelons que Djebbour a été écarté de l’effectif de l’AEK l’été passé, à cause d’un différend avec son entraîneur et depuis, il se contente seulement de s’entraîner en solo. Une situation qui a déteint sur son statut en Equipe nationale, puisqu’il se retrouve dans le camp des remplaçants actuellement. D’ailleurs, cela lui a valu les remontrances de sélectionneur national qui l’a sommé de se trouver un club au plus vite, s’il veut rester au sein du groupe et disputer la Coupe d’Afrique des nations.

F. A-S.