L’ex-sélectionneur national, Rabah Saâdane, a dressé un tableau noir sur notre football. Intervenant, hier, sur les ondes de la Chaîne III, le Cheikh a estimé que tout ce qui a été fait durant les années 1980 est tombé à l’eau.
Pour lui, le football algérien ne produit pas des joueurs de haut niveau. Il n’a pas raté l’occasion pour décocher quelques flèches en direction de la FAF.
L’ex-sélectionneur national, Rabah Saâdane, a dressé un tableau noir sur notre football. Intervenant, hier, sur les ondes de la Chaîne III, le Cheikh a estimé que tout ce qui a été fait durant les années 1980 est tombé à l’eau. Pour lui, le football algérien ne produit pas des joueurs de haut niveau. Il n’a pas raté l’occasion pour décocher quelques flèches en direction de la FAF.
«Il faut ouvrir un débat sur l’avenir de notre foot»
A l’instar de plusieurs acteurs de notre football, Saâdane croit qu’il est temps d’ouvrir un débat sur l’avenir de la balle ronde dans notre pays. «Il faut ouvrir maintenant un débat sur l’avenir de notre football. On aurait dû le faire lorsqu’on s’est qualifiés à la CAN-2010 et le Mondial sud-africain, mais on ne l’a pas fait. On était dans une dynamique positive. On savait bien ce qui se passait en équipe nationale. Il fallait ouvrir véritablement un vrai débat, surtout pour tracer la nouvelle politique technique du football particulièrement. On avait une année de retard ou plus et c’est pour cela que lors de ma première intervention après la défaite face au Maroc, j’avais dit qu’il faut essayer d’être sage et de penser à l’avenir du football algérien», a-t-il dit.
«On ne peut pas jeter des Ziani ou Bougherra…»
A la question de savoir si cette équipe est en fin de cycle avec les départs de certains cadres, l’ancien entraîneur des Verts répond : «Cette équipe n’est pas finie. Il faut continuer avec elle. Je pense qu’il y a énormément d’erreurs qui ont été commises soit au niveau de l’organisation soit au niveau technique. J’estime que les départs, pas seulement des gens qui ont été dans le staff technique et organisationnel, ont fait du mal à cette équipe nationale, laquelle avait atteint un niveau organisationnel et technique haut. Je crois qu’on n’a pas été dans la stabilité.
C’est vraiment dommage. Mais là, on ne va pas revenir sur les erreurs», a-t-il indiqué, avant de poursuivre : «On doit continuer à court terme avec cette équipe nationale. On a rajeuni l’effectif avant le Mondial et il y a beaucoup de potentialités. On ne peut jeter ni les Bougherra ni les Ziani qui ont acquis un statut. Ils ont fait un Mondial et il n’y a personne qui a fait le Mondial. Il faut garder tout ça et travailler avec. Moi, j’avais beaucoup d’idées. Je parlerai si on ouvre le débat. La nouvelle politique technique, notamment avec le professionnalisme; mais sur quoi il faut l’axer ? A mon avis, il faut plus l’axer sur la formation que sur ce qui existe actuellement. Je parle sur le plan national.»
«Depuis la décennie noire, on ne s’occupe que de l’équipe seniors»
Abordant le volet de la formation, Saâdane remet en cause la politique prônée jusqu’à maintenant. «Je pense qu’il faut donner des orientations bien précises de la part de l’Etat et de la FAF. Je crois que même sur le plan budgétaire, il faut consacrer ces priorités beaucoup plus au niveau des jeunes, car depuis la décennie noire, on s’occupe uniquement que de l’équipe seniors. Même les clubs ne s’occupent que des équipes A. Ils consacrent tous leur budget pour elles. Le football algérien ne produit plus de joueurs de haut niveau», regrette-t-il.
«Avec Schnittger, on avait une DTN forte»
L’ancien sélectionneur estime que le départ de Schnittger est une perte pour le football algérien. Il explique que la démission du technicien allemand de la DTN est due à une mauvaise coordination entre le ministère et la FAF. «La solution a consisté à faire ce qu’on a essayé de faire. Malheureusement, ça a échoué à cause d’une mauvaise coordination entre le ministère et la FAF. Lorsque Schnittger est venu, il y avait une direction technique très forte. On doit aussi bien recycler des entraîneurs spécialisés dans les jeunes de haut niveau et travailler avec des programmes bien déterminés et faire la détection. L’exemple le plus intéressant, c’est le PAC, qu’il faut multiplier par 100 ou 200 à travers le territoire national. Il y a des talents en Algérie. Mon fils travaille dans le football. C’est un jeune entraîneur et il m’a dit qu’après la qualification au Mondial, il avait 50 joueurs dans chaque catégorie. C’est à ce niveau-là qu’il faut travailler. Il faut revoir la politique technique et l’orienter de manière à produire de jeunes talents. Je suis convaincu qu’on produira des joueurs de haut niveau dans 5 ou 10 ans si on commence maintenant», a-t-il rappelé.
«Suivons l’exemple du Ghana»
Interrogé sur les pays qui ont réussi en matière de formation en Afrique, Saâdane cite l’exemple du Ghana et du Botswana. «Le Ghana est présent dans toutes les compétitions des jeunes. Le Botswana, pour sa part, est passé premier dans le groupe de la Tunisie. Il y a aussi le Malawi. Je crois que tous les pays de l’est d’Afrique produisent des joueurs de haut niveau.
On doit faire comme eux avec une collaboration avec des étrangers. Il faut restructurer et réorganiser notre football, car tout ce qu’on a fait dans les années 1980 est tombé à l’eau. Même la mentalité a changé au niveau des entraîneurs. Pour ce qui est des pays arabes, les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite ont des écoles et vont nous dépasser», a-t-il conclu. N. B.