Alger et Bamako ont procédé à un échange de vues sur la situation au Nord-Mali et les efforts pour un règlement de la crise.
Le Premier ministre malien, Diango Cissoko, accompagné d’une importante délégation ministérielle, a entamé hier une visite de deux jours à Alger. Cette visite intervient en pleine intervention militaire française au Mali où l’armée malienne, appuyée par des troupes françaises, a lancé une contre-offensive pour repousser des groupes islamistes armés. Des entretiens se sont déroulés au Palais du gouvernement en présence du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Cissoko, accompagné de son ministre de la Défense Diaran Koné, et autres ministres et de responsables militaires, a été accueilli à l’aéroport international d’Alger par son homologue algérien, Abdelmalek Sellal.
La visite de Cissoko à Alger qui s’inscrit dans le cadre des consultations politiques régulières entre les deux pays, permettra de passer en revue l’état de la coopération bilatérale, ainsi que les perspectives de son renforcement et de son élargissement, a indiqué un communiqué des services du Premier ministre. Elle offrira également l’occasion aux deux parties de procéder à un échange de vues approfondi sur la situation au Nord-Mali et les efforts en cours pour un règlement de la crise multidimensionnelle qui affecte ce pays, avait ajouté la même source.
Les deux parties examineront, dans ce contexte, les voies et moyens à même de renforcer la coopération entre les pays du champ et les partenaires extrarégionaux pour éradiquer le terrorisme et le crime organisé qui constituent une menace pour la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel.
Lors des interventions dans une rencontre tripartite avec les chefs de gouvernement tunisien et libyen, Sellal a affirmé que la position de l’Algérie est connue concernant la situation au Sahel. «Nous avons soutenu au maximum le dialogue et continuerons à le faire, mais en cas d’atteinte à la sécurité et l’utilisation d’autres moyens, nous sommes appelés à être fermes», dit-il. Il a affirmé que la crise malienne aura un impact direct sur la région, mettant en garde contre la circulation d’armes. Les deux parties devraient faire le point sur le développement de la situation au Mali suite à la contre-offensive militaire menée depuis jeudi soir au Mali. Le responsable malien serait également venu demander de l’aide à Alger. Depuis vendredi, les Français se sont engagés sur le terrain au Mali à la demande de Bamako face aux islamistes qui s’étaient emparés de la ville de Konna, proche du centre du pays. La diplomatie algérienne a toujours refusé l’option militaire et estime par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, que c’est en toute souveraineté que le Mali a demandé l’aide de puissances amies pour renforcer ses capacités nationales de lutte contre le terrorisme.
L’Algérie a également condamné énergiquement les incursions et les attaques menées par les groupes terroristes dans la région de Mopti qu’elle considère comme une nouvelle agression contre l’intégrité territoriale du Mali, a déclaré Amar Belani. Les pays de la Cédéao ont annoncé l’envoi rapide de troupes pour soutenir l’armée malienne, tandis qu’un sommet consacré est prévu mercredi à Abidjan. Le Mali, un des pays du champ coordonne les renseignements sécuritaires au Sahel aux côtés de l’Algérie, la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad.
Par ailleurs, un poste de commandement opérationnel, composé des troupes de plusieurs pays de cette même sous-région, devra être basé à Tamanrasset dans le sud algérien.