Du côté des Deux Moulins et de Raïs-Hamidou (l’ex-Pointe-Pescade), la mi-février se conjugue, chez les Hassaine, au mode de la tristesse et de la nostalgie. Et pour cause ! Chaque année, le 16 du mois se présente sur des airs d’émotion. Il y a trois ans, le 16 février 2013, Mohamed Hassaine, le battant, le footballeur coriace, tirait sa révérence, emporté par un implacable AVC.
Homme au sourire permanent, toujours élégamment habillé, »tonton » Mohamed Hassaine est parti, mais, pour autant, son image se garde de prendre congé du paysage. D’Alger-centre aux Deux-Moulins/La Vigie en passant par la Casbah, Bab-El-Oued, »Madame l’Afrique » et Bologhine, son empreinte résiste au poids du temps. Et refuse de s’effacer.
Impossible de passer par la place Emir Abdelkader, la rue de la Liberté, le marché de Chartres, le square Nelson, les stades Ferhani/Cerdan et Bologhine/Omar Hamadi, Notre-Dame-d’Afrique, les Deux-Moulins /La Vigie sans que »tonton Mohamed » ne se rappelle à nos souvenirs.
Sur ce parcours qui va du centre-ville à la corniche algéroise, bien des jalons rappellent le vécu multiforme de »tonton Mohamed ».
D’Alger-centre à Raïs-Hamidou, c’est – s’agissant du regretté Hassaine — un récit de voyage qui se »narre », déclinant autant de lieux de mémoire. Autant de bornes évocatrices du parcours du défunt : Hassaïne le mélomane, Hassaine le passionné du foot, Hassaine l’homme de presse.
»Tonton Mohamed » n’a pas été loin pour vivre l’histoire de Roméo et Juliette. Il s’est passionné pour sa voisine, la fille de Sid-Ahmed Andaloussi, un des fondateurs du MCA. Dont il fera son épouse pour le meilleur et rien que le meilleur.
De sa passion pour le foot, »tonton Mohamed » serait tenté, aujourd’hui, de nous en expliquer le secret. A une fenêtre de sa maison de naissance, il avait une vue imprenable sur la Méditerranée et sur le stade de Saint-Eugène (Bologhine). »Tonton Mohamed » serait tenté d’ajouter ceci : »celui qui n’a pas vécu un match de foot depuis l’esplanade de Notre-Dame-d ‘Afrique n’a pas vécu les plus belles sensations de foot ».
Quoi de plus naturel, de plus écologique que cette tribune à ciel ouvert à partir de laquelle, lui et les bambins du quartier, suivaient, des années durant, le Mouloudia.
S’il n’a pas suivi à la lettre la recommandation de Hadj M’rizek en allant jouer au Mouloudia, »tonton Mohamed » a milité pour les »Vert et Rouge ». Pratiquant, il a porté le maillot jaune/Auriverde de l’ASPTT d’Alger.
Dirigeant, il a porté -et toujours- l’étendard Mouloudéen. Mohamed Hassaine a eu la chance de servir à une période inespérée : l’ère de la gloire mouloudéenne. C’était au temps de la »dream team » des dirigeants mouloudéens.
»Tonton Mohamed » a sacrifié au militantisme mouloudéen en compagnie d’une brochette de dirigeants exemplaires et bénévoles au rang desquels Djazouli, Balamane, Drif pour ne citer que les présidents. Bonus parmi d’autres, il a vécu en leur compagnie la période des premiers titres nationaux, la Coupe du Maghreb (1973), la Coupe d’Afrique, la visibilité mondiale à la faveur d’une mémorable invitation du prestigieux Réal de Madrid adressée par le Président Santiago Bernabeu himeself.
L’amour multiforme de Mohamed Hassaine s’est également exprimé via une passion nommée la presse. Une formation de typographe de presse l’a embarqué à bord du train du journaliste avec lequel il a cheminé une bonne quarantaine d’années.
»Tonton Mohamed » a exercé, tour à tour, au quotidien Le Peuple, puis El Moudjahid avant de rallier le quotidien Horizons à l’aube de son aventure dans le rôle de rédacteur en chef technique. Son vécu dans le monde de la presse en a également fait l’un des artisans de la revue Le Doyen, première revue d’un club de foot.
Lancé à l’initiative du président Abelkader Drif, Le Doyen s’est éclipsé à la mort du »MCA », le Mouloudia Club d’Alger, et l’avènement du »MPA », le Mouloudia des Pétroliers d’Alger.
Le défunt est l’auteur d’un livre sur le vécu du Club avant l’indépendance.