Il était occupé pendant trois jours par des travailleurs grévistes, ArcelorMittal : le site évacué par les gendarmes

Il était occupé pendant trois jours par des travailleurs grévistes,  ArcelorMittal : le site évacué par les gendarmes

Cette intervention a soulagé les responsables d’ArcelorMittal qui commençaient à craindre le pire pour l’avenir des installations de production, restées paralysées et sans contrôle pendant trois jours.

Les accès du site sidérurgique ArcelorMittal d’Annaba, bloqués depuis dimanche matin par les travailleurs de l’entreprise Ampta (ex-Tuberie sans soudure), ont été libérés, hier, à 10h30, par les éléments de la Gendarmerie nationale sur réquisition du procureur de la République du tribunal d’El-Hadjar, territorialement compétent.



L’évacuation des lieux s’est faite sans heurts, grâce au tact de l’officier de gendarmerie chargé de l’exécution de la décision de justice, qui n’a pas eu à recourir à l’usage de la force pour déloger les grévistes et permettre aux employés du complexe de rejoindre enfin leur poste de travail, apprend-on de source proche de la direction d’ArcelorMittal. Cette intervention de l’autorité publique a soulagé les responsables d’ArcelorMittal qui, incapables de prendre la moindre décision dans un conflit qui n’était pas de leur ressort, commençaient à craindre le pire pour l’avenir des installations de production, paralysées et sans contrôle, pendant trois longues journées, suite à la grève en question. Il faut rappeler, en effet, que l’entreprise Ampta (ex-Tuberie sans soudure) n’a pas le même statut juridique que les autres unités du site industriel, qui sont détenues majoritairement par l’État algérien à travers Sider, alors qu’elle dépend toujours du groupe ArcelorMittal, à hauteur de 70%.

Certains observateurs sont sceptiques pourtant quant à l’efficacité de la mesure prise par la justice, la réquisition de la force publique remise à la Gendarmerie nationale n’étant valable que pour une durée de 24 heures. Ceci alors que le différend, qui oppose les travailleurs à la direction de l’Ampta, n’a pas connu un début de solution, la plupart des 22 points contenus dans la plateforme de revendications, objet de la discorde, étant restés en suspens.

De plus, le cas des deux principaux représentants des travailleurs, à savoir le secrétaire général du syndicat et le président du Comité de participation, qui ont été licenciés, n’a pas été tranché, alors qu’il est l’élément déclencheur du mouvement de solidarité des travailleurs, qui a débouché sur la paralysie du complexe, dimanche. Nous apprenons que les cadres de la Tuberie sans soudure, une cinquantaine environ, ont adressé, hier, une pétition à la direction de leur entreprise à travers laquelle ils demandent, justement à celle-ci, de revenir sur sa décision et d’envisager la réintégration

des deux syndicalistes licenciés pour apaiser la situation.

La direction des ressources humaines du complexe sidérurgique ArcelorMittal a, de son côté, envoyé une note interne aux postes de garde autorisant ces mêmes syndicalistes à accéder au site, alors qu’il leur était strictement interdit depuis des mois.

Cette mesure devrait permettre aux travailleurs en grève de tenir sans problème leur assemblée générale, une rencontre qu’ils ont prévue pour ce matin à 10h dans l’enceinte de l’usine Ampta d’El-Hadjar, comme l’a indiqué un syndicaliste, hier. Il y a lieu de signaler qu’en dehors du parquet d’El-Hadjar, aucune instance officielle ou formation politique n’a réagi à ce mouvement de blocage qui aurait pu avoir des conséquences dommageables sur l’outil de travail des sidérurgistes. D’aucuns ont parlé d’une volonté de pourrissement du conflit, alors que l’ex-secrétaire général du syndicat du complexe, Kouadria Smaïn, qui est un parlementaire sous la bannière du PT, s’est tenu discrètement, puis ouvertement aux côtés des travailleurs en grève.

A. A