Il était lundi en conciliateur dans cette wilaya, Les prières de Sellal à Ghardaïa

Il était lundi en conciliateur dans cette wilaya, Les prières de Sellal à Ghardaïa

Arrivé lundi sous bonne escorte à la capitale du M’zab, le Premier ministre s’est employé à promouvoir une médiation qui laisse néanmoins sceptiques les habitants de la région qui revendiquent un traitement de la crise à la base.

Arrivée vers 16h, ce lundi, sous un impressionnant dispositif de sécurité déployé sur le parcours emprunté par le Premier ministre, notamment dans les deux quartiers malékites de Theniet El-Makhzen où se trouvent la mosquée Badr et le majestueux Ksar de Béni Izguène et sa grande mosquée ibadite, transformés pour la circonstance en véritables zones interdites où, pour y pénétrer, il fallait montrer patte blanche, la délégation composée du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamalah, accompagnés de Mahmoud Djemaâ, le wali de Ghardaïa, et des autorités locales, civiles et militaires, des élus aux deux Chambres du Parlement et des notables des deux communautés, s’est en premier lieu rendue à la mosquée Badr.



C’est dans une mosquée à moitié pleine, “encerclée” par des dizaines de véhicules de la police, de la gendarmerie et des services de sécurité et dont toutes les issues étaient gardées par des dizaines d’éléments de tous les corps de sécurité sur les dents, que le Premier ministre, suivi du ministre des Affaires religieuses, a fait son entrée sans son sourire habituel, se contentant d’une corvée toute protocolaire expéditive, ne prenant aucun temps de discussion avec les chouyoukh et les notables des deux communautés qui formaient une haie de bienvenue.

Il s’est rendu en premier lieu à la mosquée Badr (malékite) au quartier Theniet El-Makhzen, très exactement au carrefour Merrakchi qui fait office de jonction entre le quartier malékite susnommé et le quartier (Ksar) ibadite de Beni Izguène, à Ghardaïa, où il a accompli la prière du Maghreb et assisté à une veillée religieuse.

À cette occasion, Bouabdallah Ghlamalah, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, a prononcé une allocution où il a mis en exergue les vertus du dialogue et de la cohabitation pacifique entre toutes les communautés, dans le respect des traditions et de la culture de chacun, rappelant les hautes qualités de fraternité et de tolérance de cette région chère à tous les Algériens. La commémoration de cette journée célébrant “la naissance du sceau des prophètes (QSSSL) doit nous rappeler ses recommandations de tolérance et de cohabitation pacifique et fraternelle”, a rappelé le ministre, avant qu’une expéditive cérémonie de remise de prix et de cadeaux symboliques à quelques vénérés chouyoukh des deux communautés et à de méritants récitants du Saint Coran ne vienne clôturer cette première partie de cette visite.

Et c’est là que tout d’un coup, les éléments de la garde rapprochée du Premier ministre se sont mis à “rechercher” un par un tous les journalistes et correspondants de la presse privée qui se trouvaient dans la mosquée, pourtant bien autorisés à couvrir l’événement et tous munis du badge de circonstance attribué contre signature par le chargé de communication de la wilaya de Ghardaïa. Coup de théâtre, ils se sont tous fait retirer leur badge et invités à sortir de la mosquée et à abandonner leurs appareils photos et caméras dehors, et ne revenir dans la grande salle qu’en tant que citoyens. Que s’est-il passé ? Mystère et boule de gomme. Toujours est-il que tous ces “indésirables fouineurs” ont été abandonnés sur place et privés de continuer à couvrir la seconde partie de la visite du Premier ministre qui devait se dérouler dans la grande mosquée ibadite de Béni Izguène.

Revenant tous ensemble vers le centre-ville, les confrères de la presse écrite privée ont pu constater de visu le peu d’intérêt accordé par la population locale à cette visite, notamment les jeunes qui s’adonnaient au jeu de lancer de pétards sous le regard placide et imperturbable de dizaines policiers déployés par groupe de quatre à six, dont beaucoup d’entre eux sanglés de bottes rembourrées et munis de casques, de boucliers et de triques.

Rencontré en cours de route, un cadre de la santé, dont le logement a été pratiquement détruit par un incendie dans le quartier de hay El-Moudjahidine, a avoué son scepticisme quant aux objectifs de cette visite-éclair : “Est-ce en venant prier des deux côtés de la barrière que l’on va retrouver la paix ? Je ne crois pas. Il faut revoir l’approche et avoir le courage d’affronter le problème à la racine.” Pour Hammou, pharmacien bien connu sur la place de Ghardaïa, “effectivement, nous applaudirons toutes les initiatives qui peuvent concourir à la solution radicale de ces récurrents problèmes. Mais je pense que pour y arriver, il faut commencer d’abord par restaurer l’autorité de l’État dans cette région et surtout démasquer les auteurs des derniers événements et les déférer devant la justice”. Le mot est lâché, la justice pour tous, seule garante de la stabilité et du retour du calme et de la sécurité dans cette région, objet de toutes les basses manœuvres.

L. K