Contraint par la baisse des prix du pétrole, l’exécutif estime indispensable d’accélérer les réformes et de promouvoir concrètement la production nationale, des mesures devant être annoncées prochainement en ce sens. L’exécutif découvre enfin la crise !
L’exécutif affiche clairement son inquiétude dans ce contexte de baisse poursuivie des prix du pétrole. Une inquiétude gouvernementale que le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, a confirmée hier.
Réunissant le secrétaire général de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi-Saïd, le président de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Habib Yousfi, et d’autres dirigeants d’organisations et associations patronales, en prévision du prochain Salon de la production nationale, le ministre de l’Industrie concédera l’urgence d’agir.
Une urgence qui impose, selon Abdesselam Bouchouareb d’ «accélérer les réformes» mais aussi «les décisions politiques» liées à la mise en œuvre du prochain plan quinquennal 2015-2019. Or, des réformes essentiellement structurelles, maintes fois évoquées dans la rhétorique gouvernementale, durant la décade écoulée, mais qui n’ont jamais été concrétisées. Certes, le ministre de l’Industrie arguera que le pays dispose de réserves et n’est pas en situation d’endettement, grâce au remboursement anticipé de la dette extérieure qui a été opéré en 2005-2006.
Un argument que le discours gouvernemental ne cesse d’avancer sans considérer réellement que l’Algérie n’a pu se désendetter que grâce à l’amélioration de ses revenus pétroliers. Même s’il récusera toute propension à «s’alarmer», Abdesselam Bouchouareb assure cependant que «la conjoncture» contraint à «repenser, revisiter, voire revoir toutes les politiques» relatives à la promotion de la production nationale, en substitution à l’importation. En ce sens, Abdesselam Bouchouareb considère qu’il est «impératif de trouver immédiatement des solutions» pour promouvoir la production nationale, concrètement et dans le cadre de la concertation permanente avec les partenaires socioéconomiques.
Des propos que le secrétaire général de l’UGTA appuiera, évoquant une mobilisation, une «dynamique collective» pour gagner «la bataille de la production nationale» et «freiner l’importation éhontée qui se chiffre en milliards de dollars». Ainsi, des rencontres ont été déjà organisées en ce sens, notamment celles liées à la mise en œuvre des recommandations des réunions tripartites (gouvernement-UGTA-patronat) et d’autres séances de concertation sont prévues prochainement, indique le ministre de l’Industrie.
Objet de ces rencontres, la maturation et l’élaboration de mesures concrètes, de «mécanismes et d’outils» pour la promotion et la protection meilleure de la production nationale, relève-t-il. Des mesures, «un certain nombre d’initiatives» qui devraient être annoncées «prochainement», voire à l’occasion de ce Salon de la production nationale qui se tiendra du 24 au 28 décembre 2014 à Alger, indiquera le ministre de tutelle, sans toutefois les expliciter.
De quelles mesures s’agira-t-il ? Abdesselam Bouchouareb se refusera à répondre même s’il assurera que l’Etat est résolu à «aller plus loin et rapidement», «sans tabous et retenue» pour concrétiser cette option. Ce qui laisse entendre que l’exécutif mise notamment sur des mesures de sauvegarde et de régulation commerciale, nonobstant les engagements internationaux en cours. Cela même si la production nationale que l’on entend encourager couvre insuffisamment la demande, reste souvent peu compétitive et conforme aux standards de qualité.
Autre considération selon le ministre de l’Industrie, répondant aux desiderata du dirigeant de la CGEA, Habib Yousfi, l’opportunité d’impliquer le secteur privé dans la dynamique projetée mais aussi, dans le financement économique, en l’absence d’un marché financier effectif mais aussi d’autant que l’«Etat» a déjà œuvré.
En somme, en évoquant la nécessité d’accélérer les réformes, d’aller «plus loin et très vite» dans la promotion de la production nationale, l’exécutif semble découvrir enfin la crise, après avoir longtemps tergiversé, usé d’arguments fallacieux et agi à contre-courant des règles de la gouvernance économique, de la gouvernance.
C. B.