De nouveaux éléments importants sur l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd sont élucidés. Dans la soirée du lundi, les services de sécurité ont annoncé que l’assassin présumé a été identifié.
Hier, le ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, qui a confirmé l’information lors d’un point de presse tenu au siège de son département, a précisé que quatre complices, appartenant un à un groupe religieux radical, ont été arrêtés. Selon une source sûre, le présumé assassin est un artisan qui serait âgé de 31 ans.
“Le tueur a été identifié et est pourchassé”, a déclaré le ministre précisant que “les quatre autres suspects ont été arrêtés. Ils appartiennent à un courant religieux radical”, a ajouté M. Larayedh, qui est appelé à former le prochain gouvernement tunisien. Selon M. Larayedh, les quatre personnes soupçonnées de complicité “ont surveillé la victime pendant quelque temps, et le jour du crime, l’un des suspects a avoué avoir accompagné le tueur”.
Le ministre de l’Intérieur a fait ces annonces après que plusieurs sources policières aient indiqué lundi à des médias tunisiens et à l’AFP que le meurtrier présumé et l’homme soupçonné d’avoir permis sa fuite à moto avaient été arrêtés, précisant qu’ils appartenaient à la mouvance salafiste. En revanche, il s’est refusé à donner des informations sur l’éventuel commanditaire de l’assassinat. La mouvance salafiste jihadiste est, selon les autorités, responsable de nombre de coups d’éclat, certains sanglants, comme l’attaque en septembre de l’ambassade des Etats-Unis, ayant fait quatre morts parmi les assaillants. Juste après l’arrestation des quatre complices, la veuve de Chokri Belaïd a déclaré qu’elle voulait savoir qui avait commandité l’assassinat de son mari, en réagissant pour la première fois à l’annonce de l’arrestation du tueur présumé lundi à Tunis. “C’est bien beau de savoir qui a exécuté mais pour moi c’est très important de savoir qui a commandé, comme cela a été fait, car c’est un crime très organisé”, a déclaré Basma Belaïd sur Europe 1. “On demande un procès et on demande de pousser l’enquête et de tout savoir”, a-t-elle affirmé. Sans fournir aucun détail, le ministre tunisien de l’Intérieur, Ali Laârayedh (nouveau Premier ministre) avait annoncé que l’enquête “avait bien avancé”. Ces deux arrestations auraient été facilitées par le témoignage d’une femme, témoin des faits, et placée sous protection policière. Le tueur appartiendrait à la Ligue de protection de la révolution (LPR, une milice brutale pro-islamiste) du Kram, une banlieue populaire de Tunis voisine de Carthage. Le ministre des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, a appelé, dans un entretien accordé au journal “Al Maghreb”, les Ligues de la protection de la révolution à s’auto-dissoudre. Samir Dilou, s’est dit favorable à la dissolution des LPR affirmant “qu’il serait préférable pour les activistes de ces ligues de prendre cette initiative bien qu’il ne doute pas de leur bonne foi”.
Par ailleurs, le président de l’Observatoire national pour l’indépendance de la magistrature, Ahmed Rahmouni, a critiqué, hier, l’adoption de la loi sur le terrorisme dans l’affaire de l’assassinat du secrétaire général des Patriotes démocrates unifiés Chokri Belaïd. Rahmouni a également exprimé sa surprise face à la remise en question des compétences du juge chargé de l’affaire Belaïd par certains des avocats de l’instance de la défense de Chokri Belaïd. Pour sa part, le Front populaire a annoncé, sur sa page officielle sur Facebook, qu’un rassemblement populaire sera organisé à l’occasion du 40e jour de la mort de Chokri Belaïd. Selon la publication, “ce rassemblement géant sera le plus grand de l’histoire de la Tunisie et constituera un point de transition dans la marche en avant du front populaire”. D’après la publication, les dirigeants du Front proposeraient l’organisation de ce rassemblement dans un stade (Radès ou El-Menzah) ou à l’avenue Habib Bourguiba.
I. O
