Seïf El Islam (à gauche) ramené à Zentane à bord d’un avion
Ainsi se termine la saga de la famille El Gueddafi. Le père tué, Seïf El Islam capturé, Mohamed, Hannibal et Aïcha réfugiés en Algérie avec Safiya, la veuve d’El Gueddafi, et Saâdi au Niger.
Un mois, jour pour jour après le terrible lynchage du père, Mouamar El Gueddafi, le fils Seïf El Islam a été arrêté par les rebelles du CNT. C’est le ministre de la Justice et des droits de l’homme au Conseil national de transition libyen (CNT), Mohammed al-Allagui, qui a annoncé hier officiellement «l’arrestation de Seïf El Islam avec trois de ses collaborateurs dans la région d’Oubari». Selon les responsables militaires du CNT, l’information de la présence des partisans d’El Gueddafi dans cette région leur est parvenue, il y a quatre jours. «On s’attendait à trouver M.Senoussi, mais on est tombé sur Seïf El Islam», raconte un responsable militaire. «Il essayait de fuir vers le Niger, il partait en compagnie de trois autres personnes pensant qu’ils circulaient en toute quiétude car ils avaient payé des mercenaires pour sécuriser leur chemin. Ils ont été surpris par les rebelles et Seïf El Islam n’a pas résisté», raconte le même militaire ajoutant qu’«ils ont trouvé sur lui de l’argent, des armes, un matériel de communication sophistiqué».
La première image après sa capture diffusée par les chaînes de télévision montre le désormais prisonnier visiblement affaibli. On l’y voit arborant une barbe nourrie, allongé sur un divan, une couverture sur les jambes, et montrant sa main droite dont trois doigts sont bandés. Ses doigts ont-ils était coupés? Selon des chefs militaires pro-CNT il y a un mois, Seïf El Islam a été blessé dans le bombardement de son convoi alors qu’il quittait Bani Walid lors de la chute de ce bastion à la mi-octobre. Le CNT réussira-t-il cette fois-ci à montrer un visage humain? L’épisode du lynchage sauvage et en direct du Guide libyen il y a un mois, a montré de quoi sont capables ceux qui dénonçaient la sauvagerie du régime libyen. El Gueddafi a été lynché sans procès et sans respect de la moindre convention envers les prisonniers de guerre. Les images qui ont fait le tour du monde ont été d’une atrocité jamais égalée et qui a noirci l’image de la nouvelle Libye que veulent donner les responsables du CNT. Ainsi se termine la cavale du dernier fils de l’ancien dirigeant libyen Mouamar El Gueddafi. Aussitôt la capture de Seïf El Islam annoncée, un bras de fer a été engagé entre le CNT et la Cour pénale internationale. La CPI a émis le 27 juin dernier, un mandat d’arrêt contre Seïf El Islam et son père, soupçonnés de crimes contre l’humanité, à savoir meurtres et persécution, commis lors de la révolte lancée à la mi-février. On annonce d’ores et déjà que le procureur de la CPI va se rendre en Libye. «Les autorités libyennes ont l’obligation de remettre Seif El-Islam El Gueddafi, arrêté dans le sud du pays, à la Cour pénale internationale (CPI)», a déclaré hier, un porte-parole de la CPI, sans exclure la possibilité que le procès ait lieu en Libye. «Un mandat d’arrêt a été lancé par la CPI. Les autorités libyennes ont donc l’obligation de coopérer avec la Cour», a déclaré le porte-parole, Fadi El-Abdallah. Ce dernier n’a pas exclu la possibilité que le procès du fils du défunt El Gueddafi se tienne en Libye: «Si les autorités libyennes estiment qu’un procès au niveau national est une meilleure solution, ils devront alors demander à la CPI que l’affaire ne soit pas recevable à La Haye, selon le principe de complémentarité.» Selon ce principe de complémentarité, la CPI ne peut poursuivre des auteurs de génocide, crimes contre l’humanité ou crimes de guerre que lorsque la justice nationale n’a pas la volonté ou est dans l’incapacité de mener à bien une enquête ou des poursuites. Depuis le 27 juin, Seïf El Islam, qui était le dernier des fils de Mouamar El Gueddafi encore recherché en Libye, fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI sur des soupçons de crimes contre l’humanité. Agé de 39 ans, Seïf El Islam a longtemps semblé vouloir moderniser son pays et normaliser les relations avec l’Occident. L’homme est passé à côté d’un fabuleux destin. Il était là prêt à perdre la première bataille souhaitant qu’il y gagnerait la seconde.
Malheureusement, la défaite sera totale à la première. Fraîchement sorti des prestigieuses écoles londoniennes et de Vienne, il aurait pu prétendre à une grande carrière dans les affaires ou en diplomatie. «Mais il a choisi l’honneur.» Cette phrase est de Bernard-Henri Levy, l’ennemi juré de Mouamar El Gueddafi. Ainsi se termine, la saga de la famille El Gueddafi.
Le père tué, Seif El Islam capturé, et les enfants ont trouvé refuge dans des pays voisins, Mohamed, Hannibal et Aïcha en Algérie avec Safiya, la veuve d’El Gueddafi, et Saâdi au Niger.